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Drôle de karma
Vous pensiez que les galères allaient s’arrêter une fois la frontière kazakhe passée ? Eh bien non ! Rémi a repris la route jeudi matin direction Oqtobe et une fois de plus, le sort s’est acharné contre lui. Je crois qu’à ce rythme, on va bientôt pouvoir décerner le titre de Motard-Poissard International ! Ne vous inquiétez pas, depuis tout est rentré dans l’ordre avec, en prime, de nouvelles rencontres. Et ça vaut le coup d’être raconté !
Jeudi matin donc, le réservoir et les bidons remplis d’essence, Rémi remonte en selle. Son objectif : atteindre Oqtobe, la prochaine grande ville sur son itinéraire. Les premiers kilomètres défilent rapidement, sur une route en très bon état. Vous l’aurez compris, c’était trop beau pour durer. Rémi rentre dans un village et là, comme par magie, la route disparaît ! Pourtant elle est toujours indiquée sur le GPS mais force est de constater qu’il n’y a plus aucune trace de goudron aux alentours. Notre motard demande son chemin à des jeunes du village, qui l’amènent devant une piste complètement défoncée. Eux-même ne peuvent pas continuer avec leur voiture. Rémi croit à une mauvaise blague, vérifie sur sa carte. Hélas. Cette piste est bien la seule issue du village.
Puisque c’est la seule piste, il faut bien l’emprunter. Mais façon escargot, pas plus de 40 km/h, histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise. Rémi est prudent, mais le Dieu de la Route lui en veut. Après une bosse, CRAC ! On dirait qu’il a roulé sur quelque chose. Coup d’oeil dans le rétro. A vingt mètres derrière la moto, une des caisses en alu fixée à Barbara a décidé de la jouer dissidente. Mal lui en a pris. La caisse est toute cabossée et surtout, les fixations sont arrachées. La responsable, c’est une barre de fer tordue qui sort de terre. En passant, Rémi l’avait pris pour un inoffensif bout de bois. Pas si inoffensif puisqu’elle s’est empalée sur la caisse et l’a littéralement arrachée de la moto.
A ce moment de l’histoire, on se dit que pour avoir un si mauvais karma, Rémi a dû tuer des bébés chatons dans une vie antérieure. C’est sans compter sur son éternel retour de chance. (Peut-être que dans son autre vie, il sauvait aussi des bébés loutres, qui sait…) Avant même qu’il n’ait eu le temps de rattacher la caisse fugueuse à la moto, une camionnette arrive. A l’intérieur, 4 types, qui ne parlent pas un mot d’anglais. A grands renforts de gestes, Rémi explique ce qu’il s’est passé et demande s’ils peuvent l’héberger pour la nuit. Ils embarquent la caisse et Rémi les suit. Après une chute dans la boue en cours de route, moto déséquilibrée oblige (mais heureusement sans bobo), notre équipe arrive dans un campement d’ouvriers. Tous ces hommes travaillent en fait sur un puit de pétrole. Ils habitent dans d’énormes « caisses », comme des préfabriqués en boîtes.
Après quelques photos, à table ! Soupes, gâteaux, l’accueil est royal. Une fois le repas terminé, tout le monde à douche ! Et pas la douche en petites cabines individuelles hein. Ici c’est douche collective, tout le campement en même temps. Je n’y étais pas mais j’imagine que Rémi ne faisait pas trop le malin au milieu de tous ces kazakhs costauds et à poil… L’ambiance est chaleureuse, notre motard est l’attraction du jour ! On lui présente même le boss du campement, le seul qui parle anglais. Il lui promet de lui « prêter » un ingénieur et deux ouvriers le lendemain. Et effectivement, le lendemain tout ce petit monde travaille d’arrache-pied et la caisse en alu est comme neuve. Rémi a un sourire scotché jusqu’aux oreilles. Lui qui voulait faire des rencontres, il est servi !