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Opération Sauvetage Ukrainien – VF
Dernière ligne droite russe pour Rémi ! Si tout se passe bien, il devrait arriver à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan d’ici la fin de la journée. Comme notre aventurier-photographe nous l’expliquait dans le post précédent, depuis ses péripéties hôtelières à Karkhiv, il s’est passé plein de choses. Puisque Rémi est sur la route et que le Wi-Fi se fait plus rare, il ne va pas pouvoir vous raconter tout de suite cet épisode épique. Il le fera bientôt hein, mais en attendant, c’est donc moi qui m’y colle, pour la version française !
Tout a commencé mercredi. En début d’après-midi, je reçois un message de Rémi : « Est-ce que tu pourrais me rappeler rapidement stp, j’ai un petit souci ». Après l’opération de Barbara, ce « petit souci » m’inquiète et j’imagine déjà le pire : un rejet de la greffe. J’appelle donc Rémi immédiatement pour en savoir plus. Soulagement, le moteur n’a rien ! En revanche, la moto joue les récalcitrantes. Elle démarre une fois sur deux et cale immédiatement. D’après Rémi, il s’agit d’un problème de pompe à essence. Rien de dramatique, ce type de panne est plutôt courant et la réparation facile à effectuer… … Encore faut-il avoir une pompe à essence de rechange sous la main ! Coincé dans une station service au milieu de nulle part, Rémi risque d’avoir du mal à trouver une pièce neuve…
Pendant que je commence à écumer le net pour trouver des infos sur les garages de la région, notre Mac Gyver réussit à bricoler un dispositif de fortune. Barbara ronronne de nouveau ! Victoire ! Oui mais la nuit commence déjà à tomber et il pleut. Trop dangereux pour terminer son étape du jour. Rémi plante donc son campement au bord de la route et me charge de trouver un garage dans la grande ville la plus proche, Donetsk, pour faire une « vraie » réparation le lendemain. Jusque là, point de sauvetage me direz-vous. La situation n’est pas critique, Barbara roule encore et même si on a vu mieux côté confort, Rémi est installé pour la nuit. Oui mais c’est sans compter sur les motards ukrainiens et leur formidable solidarité !
Petit retour en arrière : pendant que Mister Bricolage trifouille les branchements de sa moto, je compulse Google pour trouver de quoi le dépanner. Bien évidemment, je ne parle pas un mot de russe, ça serait trop facile. Je finis par tomber sur un forum de motards, Motobratva. A grands renforts de Google Trad, je m’inscris et poste un message façon bouteille à la mer pour expliquer la situation du motard frenchie. Je sais qu’il existe une grande solidarité entre bikers mais j’ai peur que la barrière de la langue soit un sacré frein et que mon appel au secours reste sans réponse.
Après cinq minutes d’attente angoissée, surprise ! Une réponse ! Puis une seconde. Puis une troisième. Puis des dizaines de motards ukrainien qui commencent à parler entre eux de la panne de Rémi et de mettre sur pied un plan de sauvetage ! On me donne des numéros de téléphone que je transmets à Rémi, on me demande où il se trouve précisément, quel est le modèle de sa moto… Je fais chauffer Google Trad et poste des réponses en cyrillique en croisant les doigts pour ne pas dire trop de bêtises. C’est là que Rémi me prévient qu’il s’arrête pour la nuit. La situation est sous contrôle, il a des contacts dans le coin, il pourra faire réparer Barbara demain.
Oui mais c’est sans compter sur l’enthousiasme des motards du coin ! Pour eux, hors de question que Rémi passe la nuit dehors ! Ils sont bien décidés à le secourir et quelqu’un est déjà sur la route pour venir le récupérer. Les messages continuent à fuser sur le forum. Où est Rémi exactement ? Il dort déjà et ne répond plus aux SMS. De nuit et sous la pluie, les coordonnées GPS qu’il m’a données ne sont pas d’une grande aide. Les membres de Motobratva me demandent en coeur de l’appeler pour le réveiller. Je m’exécute. Après plusieurs sonneries, j’entends la voix ensommeillée de Rémi qui émerge à l’autre bout du fil : « Gnnmgnkesqui s’passe ? » Je lui explique qu’une équipe est en chemin, qu’il va devoir se réveiller pour de bon, quitter son duvet et packer ses affaires malgré la pluie. « Grmblmgn dormiiiiiir froiiiiiid » « Allez Rémi, il faut se leveeeer ».
Côté motards, les recherches se poursuivent. Je préviens que Rémi va sortir de sa tente et se rapprocher de la route pour être plus facilement repérable. Au bout d’une heure de messages franco-anglo-cyrilliques et d’une dizaine de coups de fils à Rémi, c’est bon ! Les bikers l’ont trouvé ! Ils sont même venus avec un camion pour déplacer Barbara et ramener les deux aventuriers. Une demi-heure plus tard, je reçois un ultime texto qui achève de me soulager : « Opération sauvetage ukrainien réussie, je répète, opération sauvetage ukrainien réussie ! Le colis a même pris une douche et boit de l’alcool bizarre :) ».
Voilà pour l’épisode vu depuis la France. Je ne lis toujours pas le russe mais j’ai pas mal amélioré ma maîtrise des traducteurs en ligne ! D’ailleurs je m’en vais de ce pas traduire ce texte pour nos motards ukrainiens à qui j’ai promis de donner des nouvelles. Et j’en profite pour leur faire passer un petit message : Aliance, Vitaliy, Corsar, Visotnik, Zloy, Vlad, Satrier, Ksusha et tous les autres, encore merci pour votre soutien, votre motivation et votre solidarité !
Un point (russe) sur la situation
Comme vous aurez pu le remarquer, la fréquence des nouvelles commence à diminuer. Et pour cause, cette traversée expresse de la Russie ressemble plus à une course contre-la-montre qu’au voyage tranquille que j’avais prévu. Je vous avoue que j’ai hâte d’être arrivé au Kazakhstan pour souffler un peu, cette pression des visas ne me plait pas du tout. J’aimerais prendre plus de temps, pour rencontrer les gens et mieux savourer les lieux traversés.
Depuis les dernières nouvelles, il y a eu :
- un diagnostic compliqué et une dérivation « à la Rémi » de la pompe à essence qui fait des siennes
- un arrêt en catastrophe dans la campagne, de nuit, sous la pluie
- une opération « Sauvetage Ukrainien »
- une rencontre trop courte avec des motards de la région
- une réparation expresse avec des pièces d’un scooter
- un échec cuisant à la frontière Russe par manque de baksheesh
- un passage avec succès le lendemain, sans baksheesh alors que j’étais allé retirer de l’argent pour…
- une première étape Russe dans le froid piquant et sans carte de la région
J’aimerais bien vous raconter en détails tous ces épisodes, mais je n’aurais pas le temps à moins de me poser 2 jours dans un hôtel avec Wifi. Du coup je me demandais, lesquelles de ces aventures voudriez-vous lire dans les détails ?
Ce matin j’ai enfilé les sous-vêtements thermiques en pure laine, j’espère pouvoir atteindre les 560 km qui m’attendent aujourd’hui, la plus grosse étape tenté pour le moment.
Pourquoi Barbara n’ira pas boire de vodka à Moscou
Initialement, Rémi et Barbara avaient prévu de faire un petit crochet par la capitale russe. Enfin « petit ». Un crochet de 2000 kilomètres tout de même. L’objectif était de découvrir Moscou et de passer faire un petit coucou à Silphi. Oui mais entre temps, notre belle Africa Twin a dû passer sur le billard pour sa greffe de moteur. Résultat, entre la recherche du donneur, l’opération et la convalescence, notre équipe a pris beaucoup de retard sur son planning.
Dans un monde parfait, ça n’aurait eu aucune conséquence. Malheureusement, notre monde est bien plus terre à terre et le visa russe de Rémi expire dans 5 jours. Tic tac tic tac tic tac. Le Kremlin, le théâtre Bolchoï et la vodka moscovite, ça sera pour une autre fois. La traversée de la Russie se fera en version express jusqu’à la frontière avec le Kazakhstan. Ce soir, Rémi dort pour la dernière fois en Ukraine. Demain, cap sur Astrakhan !
Donc là je viens de me faire kidnapper mon équipement moto ?
Je vous écris en live depuis « HOTEL KHARKOV » sûrement l’hôtel le plus chique de Kharkiv en Ukraine. Vous expliquer comment j’ai atterri dans cet hôtel beaucoup trop luxueux pour mon voyage, serait une tout autre histoire.
En fait pour la faire courte, le voiturier m’avait dit de garer ma moto dans le garage privé de l’hôtel (dont le prix est évidemment en supplément de la chambre). Etant donné que je devais aller manger dans le centre-ville, j’ai monté la plupart des affaires dans ma chambre et j’ai laissé à l’emplacement de la moto : les pneus cross et deux sacs contenant les trépieds du studio photo, le tout accroché ensemble avec ma chaîne. C’est un parking privé et gardé, aucune crainte, j’ai juste fait ça pour « garder » la place. Et puis bon, qui irait voler des pneus de moto ?
Revenu 2h après, plus de pneus, plus de sac et une jolie voiture à la place.
Je vais chercher les mecs de la sécurité, qui ne me parlent qu’en russe et peinent à comprendre ce que je leur explique. Soit ils se foutent de ma gueule, soit c’est un coup monté, soit je ne sais pas. Ils ont beau faire minent de chercher dans les recoins avec leurs une lampe torche, je crois que je vois très bien là où ils veulent en venir. Ils me baladent partout et disent qu’il faut regarder les caméras de sécurité pour comprendre ce qui c’est passé. Je suis donc seul, avec deux gorilles russes à côté de moi, dont l’un avec une grosse Maglite dans la main droite.
J’ai déjà payé assez cher cette chambre comme ça, il est hors de question que je passe par le baksheesh retrouver mes roues… et pourtant, là, je ne vois pas d’autre solution. Je vais voir l’accueil de l’hôtel, explique le problème, et première proposition : « Vous voulez prévenir la Police ? » . Non non, merci, la police ici c’est pire que les services de sécurité. Du coup je décide de coller l’un des gorilles au basques, sans me dégonfler, pour lui montrer que je resterais là à le faire chier tant qu’il n’aura pas retrouvé mes roues. Ce manège a duré environ 1h.
Jusqu’à ce qu’il m’emmène de lui-même revoir la fille de l’accueil pour servir d’interprète. Elle me dit qu’ils ont besoin de temps pour chercher, que je peux retourner dans ma chambre, qu’ils m’appelleront lorsqu’ils auront retrouvé mes affaires. Sincèrement, je ne sais plus quoi faire. Je fais ce que l’hôtesse me dit, elle a l’air plutôt honnête et aussi désemparée que moi.
Cela fait maintenant 20 minutes que je suis dans la chambre à tourner en rond. Que faire ? Pour moi il n’y a que peu de doute, c’est un coup monté pour récupérer du baksheesh.
ÉPILOGUE et fin mot de l’histoire
L’accueil fini par m’appeler, environ 1h après que je sois remonté. Ils ont retrouvé mes affaires et me proposent de les mettre dans une safe-room. Hors de question tant que je n’ai pas checké que tout était là ! Du coup j’insiste et descend pour voir les mecs de la sécurité… qui finalement me conduisent au parking. Un deuxième mec arrive, avec des clefs, ouvre le coffre de la voiture d’à côté et sors mes pneus. Je n’en crois pas mes yeux et ne comprend rien à cette histoire. Du coup j’ai refusé poliment la safe-room, j’ai attaché les deux pneus à ma moto avec la chaîne et je suis remonté dans ma chambre avec les trépieds photo. Je ne résoudrais surement jamais l’énigme de cette histoire, mais vivement que je passe en Russie !
Barbara à la plage
Lors de mon retour à Katowice, pour aller auprès du chevet de Barbara, c’est avec le taxi-man que j’ai sympathisé. Je lui raconte mon périple et les problèmes de la moto, lorsqu’il me dit avec un grand sourire « Tu as déjà conduit dans du sable ? ». Heu non, pourquoi ? Et bien parce que le monsieur en question est fan de moto-cross et m’a proposé de venir m’entraîner sur des terrains sablonneux, lorsque Barbara sera de nouveau sur pied. Un bon moyen de faire un test moteur, avant de repartir sur les routes ?
Aller, on enfile son casque, on se met debout sur les cales pied et on suit le professeur !
Comme vous avez pu le voir Barbara, l’Africa-Twin de 250kg, ressemble à une baleine à côté sa crevette à 2 temps… mais il va bien falloir que la baleine en question passe partout, même dans du sable !
Tu sais que tu arrives à l’Est lorsque tu ne trouves plus de SP-98
Tu sais par contre que tu es arrivé en Ukraine lorsque tu trouves du SP-76 !
D’ailleurs – pour l’anecdote – la Vodka coûte à peu prêt le même prix au litre…
PS : Je ne trouve plus de SP-98, mais par contre j’ai trouvé sur quelques rares stations du « 100 » . Est-ce que quelqu’un sait si je peux mettre ça dans mon moteur ?
PS-2 : Désolé de ne pas pouvoir poster plus, mais en ce moment je dois vraiment passer beaucoup de temps sur la route à cause de mon visa Russe qui expire dans quelques jours, d’autant plus que les connexions se font de plus en plus rares… DESOLAY.
Résumé Twitter de la semaine 2011-10-10
- Ah oui, aujourd’hui j’ai vu une grand-mère traverser devant moi, comme une poule apeurée, une 2x2vois, avec son énorme sac de patates. O_o #
- Le traceur GPS de la moto étant totalement tombé en rade, je viens de mettre manuellement la carte à jour : http://t.co/7Bfmpxp3 #
- I <3 mon sac qui devait être étanche… qui devait. #
- Ok, donc là je viens de m’apercevoir que mon sac de couchage (en duvet) est littéralement trempé, comme le reste de mes affaires. Hum humm #
- J’ai tout de même vu une grand mère ukrainienne traverser comme une poule affolée, une 2x 2 avec son énorme sac de patates. C’est pas rien ! #
- J’en connais qui seraient folles ici. Je n’ai jamais vu autant de boutiques de chaussures à talons (+10cm) au m2. Genre 1 magasin sur 4. #
- Ah oui, et il semblerait que Barbara me serve aussi de machine à remonter le temps… #
- Donc faisons le point : en Ukraine il fait putain de froid sa mère, les gens tirent la tronche et je peine à lire les panneaux en cyrilique #
- Je sais pas comment je fais pour tomber dans des lieux/situations comme ça, mais j’aime ça ! http://t.co/xnwWxsAK #
- Mon FAI maintenant, c’est devenu McDonald’s Corporation. Le pire c’est que je n’y ai pas mangé une seul fois encore :D #
- On ne vous avait pas menti, les ukrainiennes sont des bombes. Ça explique sûrement l’état des routes… #uneid