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J’ai eu un accident de moto
Je le savais, on le savait, que ça pouvait arriver. Et c’est arrivé, ici en Sibérie.
C’est arrivé samedi dans la matinée, alors que je partais de Rubtsovsk pour rejoindre Barnaul, ma dernière grosse étape avant de filer direction la frontière mongole.
J’ai eu besoin de prendre du recul par rapport cet état de choc, faire un check-up santé et mécanique, l’annoncer à ma famille puis enfin prendre des décisions en conséquences… avant de pouvoir en parler ici.
« On est samedi matin, la journée de la vieille a été longue et dur à cause de la glace, je décide donc de partir tôt pour attaquer tout en douceur les 300 km qui m’attendent. Très rapidement une bonne surprise me tend les bras : je tombe pour la première fois sur une route dégagée au chasse-neige. Ça faisait 3 jours que je n’avais pas vu la couleur de l’asphalte.
J’en profite, un bon 70 km/h reste raisonnable et ne fera pas de mal à ma moyenne. De plus c’est bon pour le moral de décoller enfin des 30-40 km/h de la vieille. Ici les voitures et les camions ont l’habitude de la neige, tout le monde me double a des vitesses de 90-100 km/h, peut importe moi je suis heureux de pouvoir enfin avancer un peu.
Un gros camion me double et se place devant moi, légèrement plus vite que moi. Il soulève un gros nuage de poudreuse : c’est magnifique de voir ce nuage mouvant tout de blanc. Je prends du recul et reste à distance raisonnable, pendant une bonne demi-heure ; c’est beau. Subitement, le nuage de neige s’intensifie, je ne distingue même plus l’arrière du camion dans ce nuage devenu opaque. Sur le moment je ne comprends pas pourquoi. Ce que je ne savais pas c’est qu’il venait de changer de voie pour doubler quelque chose. Il roulait donc sur la file de gauche qui elle n’était pas dégagée. Mais je n’avais pas cette information, qui aurait pu changer la donne. La suite c’est passée en moins de 4 secondes :
Je vois une masse noire apparaître dans le nuage blanc.
Je comprends que ce n’est pas le camion que je suivais.
Cette masse encore non identifiée se rapproche de moi beaucoup trop vite.
Je comprends qu’elle est immobile.
Je freine du frein avant, puis du frein arrière.
L’action du frein n’est pas du tout suffisante.
Je sens ma roue arrière qui décroche.
J’identifie cette masse noir : c’est un chasse-neige qui avance à 10 km/h.
Je comprends que je fonce droit sur une masse métallique de plus de 5 tonnes, à une vitesse différentielle de 50 km/h.
Il est trop tard, ma roue avant a déjà percuté l’arrière du chasse-neige.
Mon casque vient exploser son phare et je suis propulsé sur le côté par la moto qui se couche.
Je re-ouvre les yeux, bouge le bout des doigts, je suis en vie.
Je touche mes jambes, elles n’ont rien, je me relève sonné, avec des étoiles dans les yeux.
La moto est jonchée sur le sol, l’avant entièrement explosé. »
Je m’en sors indemne, avec seulement une lèvre inférieure un peu explosé et quelques contusions musculaires. La moto ne pourra plus rouler et devra rester en Russie, frein avant cassé, direction faussée, fourche tordue, partie avant et phares explosés et je ne vous parle même pas du carénage.
La suite des évènements n’était pas des plus joyeuse : constat d’accident (russe), remorquage de la moto, journée chez les flics (russes). Heureusement que la traductrice qu’ils ont fait venir était un amour. Le lendemain check-up médical dans un hôpital (russe), puis diagnostique moto dans un garage (russe)… pour négocier le prix de l’épave (ou plutôt du moteur quasi neuf).
Mon prof de moto disait « Tu sais ce qui est plus arnaqueur qu’un mécano ? Deux mécanos ! » . Et bien je pourrais lui dire que j’ai trouvé encore mieux, les mécanos Russes qui savent que tu es au pied du mur et que ton visa expire dans 3 jours.
Je vais bien, je ne baisse pas les bras et je serais en Mongolie dans 3 jours. Je ne sais pas encore exactement comment, mais je (me) le promet.
Résumé Twitter de la semaine 2011-11-14
- Dure journée : glace sur la route, chutes et courbatures mais… J’ai passé la frontière russe ! Je suis en Sibérie ! o/ #
- Un truc con auquel on ne pense pas (lorsqu’on roule à -12°C): Le givre qui se forme à l’intérieur du casque à cause de sa propre respiration #
- Demain, si tout se passe bien, je rentre en Sibérie. Je crois que je vais être triste de quitter le Kazakhstan, vraiment. #
- Je viens de rouler 180km sur de la glace. L’année prochaine je m’inscris pour le trophée Andros ? #
- RT @ProfotoFrance: Le blog : Découvrez l’incroyable périple de Rémi Chapeaublanc (@Ulan_Bastsaaard) sur http://t.co/POIanyXf #
- Je vous ordonne de liker ça http://t.co/xHFUezL4 d’une parce qu’il c’est ma soeur dans la vidéo et que deux c’est fait par @geromeviavant #
- Le plaisir de la première gorgée de bière… RHAAAA ce que c’est BON ! #
- Conduire une moto, à 90km/h, par -12°C… ça n’est pas pas humain. #
- On the road again ! Ca y est, après 8 jours d’arrêt, Rémi est reparti, direction la Sibérie ! http://t.co/7Bfmpxp3 #