Remi Chapeaublanc | Photographer

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Bahu ou Ma première escapade dans l’Altaï

Bahu (prononcez « Bako ») va être mon assistant photo pour cette semaine. Sa famille habite la région d’Olgii, il a 20 ans et fait des études d’anglais pour devenir traducteur… très enthousiaste pour apprendre la photo et bosser avec moi, je pense que je ne pouvais pas rêver mieux comme traducteur/guide/assistant.

Du coup nous partons demain pour passer quelques jours dans sa famille, puis aller prendre contact avec les aigliers de la région. Ma première escapade dans les montages de l’Altaï – chouette – qui devrait durer 5 ou 6 jours.

Bahu

Si le feeling passe bien, il est fort possible que Bahu m’accompagne pour le reste du séjour en Mongolie. Je préfère rester tant que possible avec le même assistant tout du long, pour qu’il connaisse ma façon de travailler et mes attentes.

Du coup, je vous dis à dans une semaine les cocos o//
(car faut pas abuser tout de même, je doute trouver du Wifi dans les steppes de l’Altaï)

Bienvenue à Bayan-Ölgii

Point de doutes, juste quelques questionnements

À vrai dire les périodes de remise en question ça me connait, c’est un peu ma spécialité.

Je ne suis pas de ceux qui ne font qu’une seule chose, parfaitement maîtrisée, de toute leur vie. Je suis plutôt du genre à tout essayer, pour m’épanouir à chaque fois dans de nouveaux domaines, dans de nouvelles découvertes. Ce style de vie m’impose une remise en question perpétuelle, parfois usante pour mon entourage, mais tellement gratifiante sur le long terme.

Je suis comme ça, j’aime remettre en question, ne jamais rien considérer comme acquis et toujours se demander pourquoi.

Je suis arrivé en Mongolie et je me demande un peu ce que je vais faire de vous et moi ! De vous oui, car vous m’avez beaucoup aidé et soutenu en lisant jours après jours mes aventures, mais aujourd’hui un virage s’impose. La première partie du voyage s’achève, la découverte commence. Le blog va lui aussi probablement subir des changements.

Je vais bientôt partir en expéditions, à chaque fois pour plusieurs jours, voir plusieurs semaines, évidemment sans connexion internet. Je vais entamer la réalisation de mon travail ma passion : la mise en image de la découverte. Est-ce que je vous en distille quelques parties ? ou bien est-ce que je garde le tout amoureusement pour moi ?

J’ai aussi beaucoup d’histoires du voyage en retard. Est-ce que je vous programme quelques articles et autres portraits ? ou bien est-ce que je les garde secrètement pour moi ?

Vous avez été plusieurs à me suggérer de publier ce blog sur papier. Pourquoi pas, mais sous quelle forme ? avec qui ? est-ce que je garde ces histoires secrètes pour l’inédit ?

Mon travail photo lui-même va subir un tournant. Changement de matériel oblige, la série que je voulais rapporter en sera évidemment influencée. Toujours pas de NEX pour le moment alors que Sony m’a proposé de m’en renvoyer un. Pourquoi ne pas en tirer profit et utiliser cette nouvelle contrainte ? Artistiquement je creuse de nouvelles idées, affaire à suivre.

Voilà voilà, pour le moment beaucoup de questions, la Mongolie m’apportera surement pas mal de réponses. Pour le reste, je vais prendre le temps d’y réfléchir.

Pêle-mêle de la semaine #6

Pêle-mêle de la semaine

Pêle-mêle de la semaine

Pêle-mêle de la semaine

Pêle-mêle de la semaine

Place à la Mongolie

Aujourd’hui, j’embarque dans une voiture direction la Mongolie. Deux chauffeurs qui s’alterneront toute la nuit, pour tenter franchir la frontière Mongole demain, dernier jour de mon visa Russe.

C’est aujourd’hui que se termine la première partie du voyage, pour laisser place à ce pays dont j’ai tant rêvé.

Demain commencera la deuxième partie du voyage, la découverte d’un pays, de sa culture et surtout de ses habitants. Tout comme pour le Népal, je ne connais – volontairement – quasiment rien de ce pays, pour que la découverte soit naïve et réelle.

Le coeur serré, j’ai dû vendre la moto ainsi qu’une grosse partie de mon équipement. Etant strictement interdit pour moi de vendre un véhicule sur le territoire Russe, j’ai dû la vendre pour pièces au marché noir. Mon équipement, les caisses, en passant même par les outils. J’en avais les larmes aux yeux.

Au revoir Sibérie

Au revoir Sibérie, tu m’auras laissé un petit goût amer dans la bouche.

Je continue avec mon sac à dos chargé à bloc, le matos et le studio photo à bout de bras. Une fois arrivé en Mongolie j’aviserais en fonction des rencontres, mais tout sera bon à prendre : cheval, chameau, chiens de traîneaux, chasse-neige ou même des raquettes.

J’ai eu un accident de moto

Je le savais, on le savait, que ça pouvait arriver. Et c’est arrivé, ici en Sibérie.

C’est arrivé samedi dans la matinée, alors que je partais de Rubtsovsk pour rejoindre Barnaul, ma dernière grosse étape avant de filer direction la frontière mongole.

J’ai eu besoin de prendre du recul par rapport cet état de choc, faire un check-up santé et mécanique, l’annoncer à ma famille puis enfin prendre des décisions en conséquences… avant de pouvoir en parler ici.

« On est samedi matin, la journée de la vieille a été longue et dur à cause de la glace, je décide donc de partir tôt pour attaquer tout en douceur les 300 km qui m’attendent. Très rapidement une bonne surprise me tend les bras : je tombe pour la première fois sur une route dégagée au chasse-neige. Ça faisait 3 jours que je n’avais pas vu la couleur de l’asphalte.
J’en profite, un bon 70 km/h reste raisonnable et ne fera pas de mal à ma moyenne. De plus c’est bon pour le moral de décoller enfin des 30-40 km/h de la vieille. Ici les voitures et les camions ont l’habitude de la neige, tout le monde me double a des vitesses de 90-100 km/h, peut importe moi je suis heureux de pouvoir enfin avancer un peu.
Un gros camion me double et se place devant moi, légèrement plus vite que moi. Il soulève un gros nuage de poudreuse : c’est magnifique de voir ce nuage mouvant tout de blanc. Je prends du recul et reste à distance raisonnable, pendant une bonne demi-heure ; c’est beau. Subitement, le nuage de neige s’intensifie, je ne distingue même plus l’arrière du camion dans ce nuage devenu opaque. Sur le moment je ne comprends pas pourquoi. Ce que je ne savais pas c’est qu’il venait de changer de voie pour doubler quelque chose. Il roulait donc sur la file de gauche qui elle n’était pas dégagée. Mais je n’avais pas cette information, qui aurait pu changer la donne. La suite c’est passée en moins de 4 secondes : 

Je vois une masse noire apparaître dans le nuage blanc.
Je comprends que ce n’est pas le camion que je suivais.
Cette masse encore non identifiée se rapproche de moi beaucoup trop vite.
Je comprends qu’elle est immobile.
Je freine du frein avant, puis du frein arrière.
L’action du frein n’est pas du tout suffisante.
Je sens ma roue arrière qui décroche.
J’identifie cette masse noir : c’est un chasse-neige qui avance à 10 km/h.
Je comprends que je fonce droit sur une masse métallique de plus de 5 tonnes, à une vitesse différentielle de 50 km/h.
Il est trop tard, ma roue avant a déjà percuté l’arrière du chasse-neige.
Mon casque vient exploser son phare et je suis propulsé sur le côté par la moto qui se couche.
Je re-ouvre les yeux, bouge le bout des doigts, je suis en vie.
Je touche mes jambes, elles n’ont rien, je me relève sonné, avec des étoiles dans les yeux.
La moto est jonchée sur le sol, l’avant entièrement explosé. »

Je m’en sors indemne, avec seulement une lèvre inférieure un peu explosé et quelques contusions musculaires. La moto ne pourra plus rouler et devra rester en Russie, frein avant cassé, direction faussée, fourche tordue, partie avant et phares explosés et je ne vous parle même pas du carénage.

Je m'en sors indemne

La suite des évènements n’était pas des plus joyeuse : constat d’accident (russe), remorquage de la moto, journée chez les flics (russes). Heureusement que la traductrice qu’ils ont fait venir était un amour. Le lendemain check-up médical dans un hôpital (russe), puis diagnostique moto dans un garage (russe)… pour négocier le prix de l’épave (ou plutôt du moteur quasi neuf).

Mon prof de moto disait « Tu sais ce qui est plus arnaqueur qu’un mécano ? Deux mécanos ! » . Et bien je pourrais lui dire que j’ai trouvé encore mieux, les mécanos Russes qui savent que tu es au pied du mur et que ton visa expire dans 3 jours.

Je vais bien, je ne baisse pas les bras et je serais en Mongolie dans 3 jours. Je ne sais pas encore exactement comment, mais je (me) le promet.

Résumé Twitter de la semaine 2011-11-14

  • Dure journée : glace sur la route, chutes et courbatures mais… J’ai passé la frontière russe ! Je suis en Sibérie ! o/ #
  • Un truc con auquel on ne pense pas (lorsqu’on roule à -12°C): Le givre qui se forme à l’intérieur du casque à cause de sa propre respiration #
  • Demain, si tout se passe bien, je rentre en Sibérie. Je crois que je vais être triste de quitter le Kazakhstan, vraiment. #
  • Je viens de rouler 180km sur de la glace. L’année prochaine je m’inscris pour le trophée Andros ? #
  • RT @ProfotoFrance: Le blog : Découvrez l’incroyable périple de Rémi Chapeaublanc (@Ulan_Bastsaaard) sur http://t.co/POIanyXf #
  • Je vous ordonne de liker ça http://t.co/xHFUezL4 d’une parce qu’il c’est ma soeur dans la vidéo et que deux c’est fait par @geromeviavant #
  • Le plaisir de la première gorgée de bière… RHAAAA ce que c’est BON ! #
  • Conduire une moto, à 90km/h, par -12°C… ça n’est pas pas humain. #
  • On the road again ! Ca y est, après 8 jours d’arrêt, Rémi est reparti, direction la Sibérie ! http://t.co/7Bfmpxp3 #

Bienvenue en Sibérie ou Ce que j’ai retenu du Kazakhstan

Depuis quelques jours je suis en Sibérie, cette partie de la Russie particulièrement réputée pour ses plages de sable fin et ses cocotiers.

D’ailleurs mon thermomètre est revenu miraculeusement à la vie. Ne me demandez pas comment, je n’en ai aucune idée. Mais lorsqu’il m’a affiché -18°C, je me suis demandé quel sentiment j’étais censé éprouver, entre fierté et désespoir.

Bienvenue en Sibérie

La steppe fait doucement place à des champs enneigés et je revois avec stupeur l’apparition des arbres. Les arbres c’est bien, c’est beau, et ça casse un peu ce vent qui m’a beaucoup usé au Kazakhstan.

Vous l’aurez compris j’ai quitté le Kazakhstan avec regret, et voici ce que j’en ai retenu :

  • Que (suivant la légende) un Kazakh peut engloutir à lui tout seul un mouton entier en une journée.
  • Que le Kazakhstan recèle de trésors cachés, tant dans son sol que dans sa culture.
  • Que l’on m’a proposé 3 filles différentes, pour me marier ici ou l’emmener avec moi à moto !
  • Que j’aimerais bien y revenir pour y rester plus longtemps et découvrir la mer d’Aral et Almaty.

Bye-bye Kazakhstan

Ca y est, Rémi a quitté le Kazakhstan. Si tout se passe bien, dans une semaine, il posera le pied en Mongolie. Mais avant ça il va devoir traverser un bout de Sibérie, et les conditions climatiques qui vont avec. En guise de conclusion à son épisode kazakh, Rémi  souhaitait publier l’extrait d’un livre qui l’a beaucoup inspiré.

Il faut donc que les nouvelles générations de Kazakhs, citadins notamment, envisagent autrement les milliers de pétroglyphes gravés sur les rochers qui constituent la plus grand bibliothèque à ciel ouvert du monde. Il faut qu’elles se réapproprient la lisibilité des collines innombrables que sont les kourgans abritant les restes des sultans, des poètes fameux ou des bergers anonymes, et qu’elles leur reconnaissent leur fonction de « signalétique de la steppe » pour se repérer dans l’adyr, l’espace sauvage des Anciens. Il sera nécessaire à terme qu’elles assument leur « territoire du vide » dont les entrailles gorgées de ressources fascinent bien au-delà des archéologues et livrent régulièrement des trésors ensevelis, porteurs d’une culture persistante faite de signes du passé lointain tout autant que récent, ouverte à l’innovation, réactive à la modernité.

Pour l’heure, l’histoire culturelle du Kazakhstan est celle de la victoire du monde moderne et de l’idéologie sédentaire sur la liberté nomade, la victoire de l’écrit sur l’oral, du béton sur la yourte. Pourtant, nul ne sait si la mémoire nomade ne saura pas profiter des interstices ouvertes par ce processus de re-traditionnalisation par le haut. D’où l’importance de cette exposition, telle la signature objective d’une culture longtemps considérée par son oralité et sa frugalité architecturale et artistique, comme un simple « aménagement temporaire de la nature ».

[…/…]

Il est un fait que les steppes kazakhes sont une terre mythique dans l’imaginaire occidental, une zone d’attraction pour les candidats au voyage lointain dans ce qui représentait avec la Transoxiane, l’extrémité du monde connu d’Alexandre le Grand. Un certain nombre de raisons l’expliquent : les descriptions des tribus scythes que l’on peut lire dans L’Enquête d’Hérodote, la profusion d’informations contenues dans les récits des envoyés chrétiens auprès des Mongols, Plan Carpin ou Rubruquis. Plus tard, à l’époque du « Grand Jeu », selon l’expression de Rudyard Kipling pour nommer la rivalité anglo-russe qui dira tout le XIXème siècle, les rapports enflammés des espions, agents d’influence et autres experts en stratégie, russes et britanniques, allaient porter bien au-delà de leurs propres limites, le souffle des grands conquérants mêlé au frisson chamanique.

Tiré du livre Kazakhstan : Hommes, bêtes et dieux de la steppe.

 

Barbara voulait revoir la neige

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