Palsambleu !
Juron, interjection.
A l’origine, il y avait le juron « par le sang (de) Dieu ! », cité au XIVe siècle. Mais vous pensez bien qu’à certaines périodes comme l’Ancien Régime (du XVe au XVIIIe siècle), par exemple, où la noblesse et le clergé étaient tout puissants, un tel juron était blasphématoire. Palsambleu serait donc une déformation ‘politiquement correcte’ de ce juron (*) dont on trouve déjà en 1402 la version « par le sanc bieu ». Molière a utilisé « par le sang bleu » et « par la sangbleu ».
« Bon sang ! » est de la même veine, si j’ose dire. En effet, « bon sang de bon dieu » est un équivalent plus récent (XIXe siècle) de « par le sang de Dieu ». En version écourtée, il a donné une de nos expressions qui, elle-même rallongée, a donné les variantes « bon sang de bois » ou « bon sang de bonsoir ».
(*) Contrairement à ce qu’on pourrait facilement imaginer (« pâle sang bleu »), il n’y a pas de lien avec le ‘sang bleu’ des nobles à propos duquel une des explications viendrait de la pureté de leur lignage, ne comportant que des gens au teint très clair, donc aux veines bleues beaucoup plus visibles que sur une peau mate qui serait forcément venue d’un quelconque métissage (explication qu’on retrouve aussi avec le « sangre azul » des Castillans fiers de n’avoir pas de sang maure dans leurs veines). Les autres anciens jurons que sont ‘ventrebleu’, ‘corbleu’, ‘sacrebleu’ ou ‘morbleu’ confirment que ce suffixe ‘bleu’ est une déformation de ‘dieu’, comme l’étaient aussi les suffixes ‘bieu’, ‘buy’ ou ‘guié’, entre autres.