Avatar, Népal
A la recherche des dauphins d’eau douce
Après la recherche infructueuse du tigre, me voici parti pour tenter d’apercevoir des dauphins. Espèce tout aussi protégé, dont l’avenir n’est pas plus certain.
Direction la frontière avec l’Inde, sur un spot que Dillip connait bien, 90% de chance d’en voir me dit-il.
Nous arrivons tôt le matin, au niveau d’un pont flottant, à quelques dizaines de mètres de l’Inde. L’un des gardes du pont nous dit les avoir vu 2 fois ce matin. Chouette !
Bon… malgré 2 bonnes heures d’attentes, rien à l’horizon. Les dauphins, comme beaucoup d’autres animaux, ne se montrent qu’en début et fin de journée. Pas de problème on reviendra ce soir.
Et si on profitait de la journée pour aller voir l’unique réserve au monde (à vérifier) de blackbuck ?
Les blackbuck vivaient auparavant dans la jungle de Bardia, mais les tigres et les braconniers en sont vite venus à bout. L’unique mâle et les 3 femelles restantes auraient été installés là il y a 20 ans.
Tu m’étonnes qu’ils s’y plaisent ici, ils vivent au milieu de champs de cannabis ! (Les drogues, quelles qu’elles soient, sont interdites au Népal, y compris le cannabis. Mais il y est pourtant régulièrement cultivé, pour être principalement vendu en Inde)
Nous sommes revenus en fin de journée pour voir les dauphins, pas la peine de faire durer le suspens plus longtemps, nous n’avons rien vu… Décidément, j’aurais fait mentir le guide du routard.
C’est étonnant comme rester de longues heures à regarder ou attendre des animaux, ne me dérange absolument pas, alors que je suis loin d’être réputé pour ma patience.
A la recherche du tigre du Bengal
Levé aux aurores, aujourd’hui c’était journée dans la jungle. Après une balade (décevante) à dos d’éléphant, me voici parti pour une journée de marche, avec pour but non avoué : voir un tigre du Bengal !
– déçu parce que j’ai trouvé la balade : balisé, chronométré, sans communication possible avec le maitre d”éléphant et que je n’y ai aperçu que peu d’animaux. Un couple de français, croisés dans la jungle, ont eu l’expérience inverse, ils étaient eux ravis de cette balade –
Les rares touristes qui s’aventurent à Bardia, viennent souvent avec l’espoir de croiser l’un des 23 tigres du parc, qui mesure tout de même 968 km² (soit environ 0,02 tigres par km²). J’en fais évidemment parti.
Et bien non, je n’aurais pas croisé de tigre aujourd’hui… Beaucoup d’autres animaux, comme des macaques rhésus, des entelles (singe), deux crocodiles, des paons sauvages, des daims (non pas les bonbons) et même en fin de journée, un rhinocéros (ils ne sont que 22 dans le parc). **
Pour les éléphants, je n’ai malheureusement pas eu la chance d’en croiser un sauvage, autant casser le mythe tout de suite, celui en photo est domestiqué. Les éléphants servent principalement à faire les visites, mais certains sont laissés dans la nature et rentrent tous seul le soir.
D’un point de vue photo, je ne suis pas du tout équipé pour faire de l’animalier. Mon matériel, uniquement dédié au portrait, m’imposerait d’être à moins de 5m de la bête. Pour les tigres, les éléphants sauvages, les rhinos ou encore les crocodiles, je vais m’abstenir si vous le voulez bien.
J’aime les matins brumeux
Les népalais se lèvent tôt et se couchent tôt. Chose qui me paraissait tellement incongrue venant d’un humain (normalement constitué) qui n’a pas de réveil à sa disposition. Se lever aux heures où je me couchais en France, une vraie torture.
Figurez-vous que je commence à y prendre goût. Les matins ont ici des ambiances magiques. La lumière y est douce, il fait froid, beaucoup de brume à cette saison et la vie des villages qui s’éveille avant que le soleil n’arrive.
Une fois que le soleil fait son apparition, il laisse place à une ambiance plus orangé, réchauffant doucement le sol encore très humide. Les femmes sont déjà dans les champs et les hommes papotent dans le village. Ce n’est pas vraiment une caricature, de ce que j’ai pu en voir pour le moment, les femmes travaillent bien plus que les hommes.
J’ai passé quasiment toute la journée dans un village Tharu, à observer **, discuter et servir d’attraction pour les enfants. Dillip, mon guide, assistant photo, maitre d’hôtel et traducteur, m’a expliqué en partant que je n’étais que le deuxième blanc à avoir pénétré dans ce village. D’après lui trop peu de gens s’intéressent vraiment à la vie des gens. Marrant, je pense exactement la même chose.
Bienvenu dans le Téraï
Si je me suis aventuré si loin dans le Népal, c’était pour partir à la découverte de deux choses : le parc national de Bardia et les populations Tharus.
Le parc de Bardia est la plus grosse réserve naturelle du Téraï, mais c’est le parc de Chitwan qui est le plus connue et le plus touristique.
Un népalais (vendeur au vieux campeur) m’avait dit avant de partir :
Si tu veux voir à coup sur des animaux, va à Chitwan. Mais si tu veux savoir ce que c’est que la vraie jungle et tenter d’apercevoir des animaux qui n’aiment pas la présence de l’homme, va à Bardia.
Le guide du routard quant à lui le décrit comme ça :
Situé au sud-ouest du Téraï, ce parc attire les déçus de Chitwan et les mordus de safaris. C’est un des rares endroits où l’on est à peu près sûr de voir des tigres du Bengale et des dauphins d’eau douce.
Il ne m’en fallait pas plus.
Les Tharus, quant à eux, sont des populations qui venaient d’Inde, exilées pendant les guerres de religions entre Hindouistes et musulmans. Je ne savais rien d’eux, mise à part qu’ils habitaient le Téraï.
J’ai traversé la moitié du Népal en moto
Après 2 jours en moto, je suis enfin arrivé dans cet endroit qui me tenait à coeur, la jungle népalaise. Je viens de m’installer à proximité du parc national de Bardia, je vous en reparlerais bientôt.
Pour le moment j’ai besoin de repos, j’ai encore les bras qui vibrent. Avec 500km au compteur, j’ai presque traversé la moitié du Népal. Allant de la petite route sinueuse de montagne, jusqu’à la ‘”grosse” route à travers champs, en passant par des sentiers sablonneux, il y en avait pour tous les goûts.
Pour la première partie, c’était une route telle que les motards en rêvent. Pensez montagne, paysages saisissants, route en lacet, virages serrés, genoux dans le virage, passages de vitesses soutenus… en y ajoutant : grosses TATA indiennes, nids d’autruches en plein milieu de la route et conducteurs sans permis. A déconseiller d’urgence pour ceux qui voulaient apprendre la conduite.
Le deuxième jour ressemblait plus à ce qu’on a l’habitude en France, sur nos routes de campagne, en y ajoutant bien sûr des passages dans le sable digne d’un Paris-Dakar, un minuscule pont en bambou où j’ai hésité 3 fois avant d’y aller (en priant le ciel qu’il ne s’écroule pas), pour finir par des traversées de rivières.
C’était sportif, très long, mais bien sympa **.
Les népalais sont meilleurs en marketing qu’en photo
Voici le cliché que j’ai retrouvé sur mon appareil, après que le gérant de l’hôtel (où j’ai dormi entre mes 2 jours de moto) m’ait gentiment proposé de me prendre en photo.
Welcome and Good bye Pokara
Arrivé hier soir à Pokara, la deuxième grosse ville touristique du Népal (principalement parce que c’est un point de départ de nombreux treck), je reparts déjà demain. Pour moi comme pour beaucoup de gens, cette ville sert essentiellement de point de halte ou de repos.
Aujourd’hui, après une nuit blanche (à me battre contre les moustiques entre autre), je suis parti de mon hôtel avant le lever du soleil, pour louer une barque locale et partir sur le lac.
Seul à ramer au milieu d’un lac immense, regardant le soleil se lever… il est impossible de vous partager les sensations qui me parcouraient. Enfin serein avec ma solitude et pourtant une envie incroyable de partager ces instants, à ce moment précis ce n’était pas contradictoire, au contraire.
Seul, enfin presque, j’y croisais de temps en temps quelques népalais qui traversaient. J’ai donc passé ma journée sur l’eau… et y ai encore fait de belles rencontres. Une journée paisible et reposante.
Demain je prends la route, à moto, on verra bien où ça me mènera.
Bienvenu chez le grand-père de Lakpa
Après ma reposante nuit à 0.6€, me voici reparti sur la route pour rendre visite à ma rencontre de la semaine dernière, Lakpa et toute la petite famille.
Sur la route, juste avant une dernière montée redoutable (l’angle du chemin doit avoisiner les 40°, constitué uniquement d’éboulis de pierres, sur environ 700m), je croise un vieux monsieur qui s’amuse à faire peur aux enfants avec sa canne, il en rajoute pour me faire rire. Je tombe sous le charme, sort mon appareil photo, mais il me fait signe que non. Tant pis, j’entame ma montée avec seulement son visage en tête.
Après moult essoufflements et douleurs aux cuisses, me voici enfin arrivé chez Lakpa. Sa belle-sœur me reconnait de suite (lui ayant des problèmes aux yeux, met au moins 20min pour me reconnaitre). Accueillis à bras ouvert, ils me proposent d’aller avec eux chez le grand-père de la famille, pour y diner et y dormir.
Vous voyez venir l’histoire grosse comme un yack, mais oui, que ne fut pas ma surprise lorsque je reconnus le grand-père en question, ce vieux monsieur croisé 3h auparavant, en train de jouer avec les enfants.
Pramuk Lama, 90ans, un personnage sombre et fascinant, ne marmonnait en Tamang uniquement lorsque c’est nécessaire, immobile le reste du temps.
La soirée fut simple, entouré de toute la famille, mangeant le Dal Bhat autour du feu.
Le retour sur Katmandou, le lendemain matin, fut plus solitaire que la dernière fois. D’ailleurs je me suis trompé de chemin à un croisement ; sans aucune indication sur ma carte, les pieds sur un sentier de 25cm de large, d’un côté la paroi, de l’autre la falaise, je ne faisais pas le malin…
Don’t worry, j’ai retrouvé ma piste et suis rentré à Katmandou… avec les horribles 7h de bus.
Et si je repartais pour 4, 5 ou 6 jours ?
Maintenant que j’ai avec mon bébé au complet, je me suis dit qu’il ne serait pas inintéressant de retourner sur les traces de mes anciennes excursions, là où il m’avait manqué…
Me voici reparti pour quelques jours, à travers les montagnes de la vallée de Katmandou. A vrais dire, j’ai bien pris mon ordinateur avec moi, mais c’est qu’aujourd’hui (samedi 13 mars) que je l’ouvre pour la première fois depuis 4 jours. Est-ce un signe que j’éprouve de moins en moins le besoin d’écrire ?
Revenir sur mes traces, c’était immanquablement revoir la famille de Santos, retourner à Nagarkot et pourquoi pas me refaire les dures montés du treck d’Helambou (cette fois-ci chargé comme une mule).
J’ai fait pas mal de choses pendant ces 4 jours, mais n’aimant pas trop écrire au passé, je vais plutôt vous livrer quelques anecdotes en vrac.
- J’ai vu un gamin se coiffer (coupe en brosse ^^) et se graisser les cheveux avec de l’huile de cuisine. Je lui ai décoché un grand sourire, nous qui faisons la guerre aux cheveux gras…
- J’arrive enfin à manger le Dal Bhat (grande assiette de riz avec une soupe aux lentilles, régulièrement accompagné de divers légumes) avec les mains, sans trop en mettre partout.
- J’ai rencontré des militaires qui testaient le nouveau camouflage “buisson ambulant”
(…)
(…)
- Ce n’était pas des militaires
- Si je continue les marches à ce rythme, je vais bientôt avoir des cuisses et des fesses en béton armé, certifié ISO 9001.
- Les népalais mangent très salé, très sucré et TRES chaud… je me brule à chaque fois que je commence le thé (ou tout autre chose) en même temps qu’eux.
- La plupart des bus et camions sont fabriqués par une marque qui s’appelle TATA et un grand-père que j’ai rencontré se faisait appeler Mémé… Mais que fait la police ?
- Aujourd’hui, j’ai fait la plus grosse marche, 7h30 avec 1h de pause à midi. A mon point d’arrivée, je découvre un panneau d’information (très rare ici) pile poil sur le trajet que je viens d’effectuer (c’est sur, dieu essaye de me faire un signe). Il est marqué qu’il faut compter 7h (YEAHAA !!! j’ai mis 30min de moins, avec 22kg sur le dos !) et que ça représente 18km… (là je pleure, je n’ai même pas atteint les 3km/h).
Aujourd’hui, vers la fin de cette (longue) journée, je rencontre 2 VTT (enfin les cyclistes, je n’en suis pas encore à parler aux vélos) qui allaient dans le même village, où je comptais planter ma tente. Ils me conseillent plutôt de dormir en lodge (petits hôtels/restaurants présents sur les chemins de treck). Moi qui voulait faire budget réduit, je demande tout de même le prix “pour voir”, de toute façon je n’ai plus de nourriture avec moi.
60 centimes d’euros pour la nuit, avec en prime de l’eau chaude pour la douche. Hum… Je vais peu-être changer mes plans concernant l’utilisation de ma tente… Bon certes la chambre ressemble plus à une cellule de prison qu’à une chambre d’hôtel. Mais mince, un matelas, des murs et UNE DOUCHE CHAUDE pour 60 centimes !!! (à titre de comparaison, je paye ma chambre à Katmandou 5€ par nuit)
Sur ce, bonne nuit, une dure journée m’attends demain.
Ce que je pense de tout ça
Au début de ce voyage, je vous parlais des enfants qui – à l’aide d’un jeu – mendiaient de l’argent aux passants. Certains donnent, un peu, beaucoup ou rien du tout, touristes et locaux confondus. Cet exemple n’est en fait qu’un prétexte pour vous livrer mes pensées sur ce sujet qui me tient à cœur, la mendicité.
Je n’ai de leçon à donner à personne, je veux juste partager ce que je pense (aujourd’hui, dans ma situation actuelle) ainsi que ma maigre expérience de voyageur.
Je suis absolument contre la mendicité. Tout comme je refuse que mon bonheur soit tributaire des autres, je pense qu’il est important, pour chaque personne, de se battre pour obtenir son autonomie.
L’autonomie, c’est ce qu’on est censé acquérir en grandissant, en s’émancipant de ses parents.
Réussir a être autonome, car c’est un effort, est aussi la meilleure manière pour ensuite transmettre ce qu’on a appris. Et la transmission est à mes yeux, l’une des choses les plus importantes qu’on puisse faire pour les autres.
Je suis donc contre la mendicité et il en va de même pour les actions qui l’encouragent. Elle n’aide personne sur le long terme, elle ne fait que soulager de façon très éphémère (le mendiant, ainsi que notre bonne conscience).
Et comme disait un vieux chinois:
Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. Avec un poisson il pourra manger une fois, avec la pêche il pourra manger tous les jours.
J’aimerais bien ajouter, “par contre, ne lui donne pas d’argent, il pourrait s’acheter une bouteille de vin et ne plus avoir faim”.
Certain diront que si on donne un peu d’argent à un mendient, il pourra avec l’accumulation, se payer à manger, se laver, s’acheter de nouveaux vêtements et chercher un travail. Mais lorsque je regarde autour de moi, à Paris, ici ou à Ouagadougou… j’ai du mal à croire en cette théorie. Je pense plutôt que la mendicité encourage la mendicité.
Un exemple concret, ici à Katmandou, une touriste française me raconte l’histoire suivante :
Je me promenais dans les rues de Katmandou avec une amie, quand on tombe nez à nez avec de jeunes enfants qui sniffaient de la colle. Ils étaient là, plusieurs à se défoncer la tête avec de la colle. Mon amie, écœuré par la situation, s’empressa de donner un billet de 1000 roupies, au premier qui avait tendu la main.
Si j’avais rencontré l’amie en question, je lui aurais bien mis 3 claques. Pourquoi voulez-vous que ces enfants arrêtent, si se défoncer à la colle leur rapporte en plus de l’argent ???
(pour information, 1000 NRP représente environ une quinzaine de repas dans un petit resto de rue)
Si je vous étale ici mes pensées, c’est aussi parce que je suis face à un cas de conscience. J’ai découvert au Népal, que l’Hindouisme et le Bouddhisme (les deux principales religions) encouragent la mendicité et le dons. Il est donc dans les mœurs – et plutôt bien vu – de ne vivre que de mendicité, comme le font les Sadous indiens.
Alors que faire ? Suivre mes convictions personnelles, tout en sachant que ça ne changera absolument rien, ou bien m’intégrer le mieux possible et adopter les mœurs locales ?