Avatar, Népal
Ils ont de très très grandes cordes à linge au Népal
Blague à part, j’ai été étonné de voir à quel point n’importe quel support pouvait servir à faire sécher le linge. On trouve du linge en train de sécher, à peu prêt partout !
Je ne suis pas un solitaire
En rangeant mes affaires avant le départ, je suis tombé avec étonnement sur un petit carnet, où j’avais écri il y a 6 ans. Trop peu de pages y étaient griffonnées, mais j’y ai trouvé ceci :
Moi qui aurait tant aimé être un voyageur, je m’aperçois que je n’en suis pas un. Je ne me sens pas bien ici, je ne suis pas chez moi, trop de choses me manquent. Les gens me manquent, surtout Netty, qui occupe toutes mes pensées.
Montréal, mars 2004
Au final, je garde un excellent souvenir de ces 5 mois au Canada ; je me suis fait des potes là-bas, j’ai commencé à sortir et j’ai arrêté d’écrire.
Cela fait bientôt 3 semaines que je suis ici, et ça y est, je commence enfin à pouvoir poser par écris, quelques mots sur la vrai réponse du “pourquoi ?”. C’était là, je savais pourquoi, mais je n’arrivais pas à l’expliquer clairement.
J’ai toujours su que je n’étais pas du genre solitaire. J’adore plus que tout les soirées entre potes, je n’ai jamais pu aller au cinéma tout seul, j’ai quasiment tout le temps préféré habiter en colocation, je supporte assez mal le célibat… Jusqu’à ce que je prenne conscience avec le temps, que je n’arrivais plus à être réellement heureux lorsque j’étais seul. Pour certains ça paraitra normal, moi je trouve ça flippant.
Je pense que le bonheur doit pouvoir se suffire à lui-même. J’ai beau ne pas être un solitaire, je refuse que mon état de bien être soit tributaire des autres.
Ça fait un moment que je préparais le départ, mais repoussé à plusieurs reprises, il fut encore plus douloureux que prévu. Pour pouvoir s’affranchir des autres il faut commencer par couper les cordes qui nous lient à eux. Ce voyage est donc, purement et simplement, égoïste. J’aimerais pouvoir réussir à être bien, heureux, satisfait, sans ne rien devoir à personne, sans que ce bonheur ne dépende de quelqu’un d’autre.
Ça ne fait que peu de temps que je suis ici, mais je commence déjà à entrapercevoir des petits moments, furtifs, de bonheur solitaire. Et comme je compte – pour le moment – continuer ce journal de bord, je noterais ces petits moments par l’indication suivante : **
Si la fréquence des ** augmente au fur et à mesure de mon récit, ce sera bon signe. Si j’arrête d’écrire, ce sera alors très bon signe.
PS : J’ai tout à fait conscience que ce blog, ce journal de bord, est encore un lien fort qui me lie à eux, à vous, et que le couper serait nécessaire si ont s’en tien à ma théorie… Et bien j’y songe, mais pas tout de suite, je prendrais mon temps.
Sacrifices pour la déesse Kali
Hier après-midi, sur un coup de tête, je décide de prendre le local-bus pour Pharping, afin de pouvoir dormir sur place et assister ce matin aux aurores, aux fameux sacrifices de Dakshin Kali.
Boucs et coqs sont égorgés puis décapités pour cette déesse assoiffé de sang. Ça se fait tous les samedis matins, et en famille s’il vous plait !
J’avais lu que les touristes n’étaient pas admis dans le temple, j’y ai été invité et même autorisé à y faire des photos. Je vous épargnerais ça, vraiment. J’en ai eu encore mal au cœur rien qu’en les triant.
Le peu de ferveur religieuse dans le geste des bourreaux (écouteurs d’ipod dans les oreilles) et le travail à la chaine si bien orchestré, a fini de m’écœurer pour de bon.
Je suis allé finir ma matinée dans un monastère bouddhiste, de quoi décompresser dans le calme et la sérénité.
Aller et retour sur le toi du local-bus, je me suis mangé une bonne dizaine de bombe à eau, normal demain c’est Holly. Je m’y prépare activement, à la guerre comme à la guerre !
Changement de programme, non pas pour me déplaire
Dernier jour sur le campement pour travailler mon planté de pagaie, et c’est ce que je fie dès le matin. Mais lorsque que j’appris, qu’un couple de Néo-Zélandais débarquaient vers 11h, pour aller faire une initiation au Canyoning, je tendis timidement le bras d’un aire de dire “Et moi, je peux aussi ?”.
On finit rapidement notre descente (avec un retournement involontaire du kayak, mais correctement remis à sa place), pour être à l’heure au camp et avoir le temps de faire mon sac pour le retour.
Vraiment génial ce premier aperçu du Canyoning, ça me donne plus qu’envie d’en refaire. De plus le couple de Néo-Zélandais (dont le Népal était leur voyage de noce) étaient adorables et pleins d’humours.
J’ai pris un pied monstrueux à descendre en rappel, cette chute d’eau d’environ 17-18m de haut (on ne dirait pas vu d’ici, hein ?). Être sous les trombes d’eau, stopper sa descente, caler ses pieds et admirer… **
Ensuite ce fut retour sur Katmandou, en Local-Bus. Très inconfortable, pas de place pour les jambes et la femme devant moi qui vomit tout son repas… Il faut être honnête les Turist-Bus ont aussi leurs avantages.
Turista, je te hais (mais bon je t’attendais)
Imaginez-vous durant la nuit, toutes les 20 minutes, vous lever avec peine (votre corps n’oubliant pas si vite ce que vous lui avez fait subir la veille), pour aller à la lueur de votre frontale vous soulager que d’une eau à peine coloré. Lavement d’estomac POWA !
Ça me rappelle quelques souvenirs d’Afrique, la douleur en moins cette fois-ci. Lorsque j’étais en trek au Mali, j’ai cru que j’étais en train d’accoucher tellement les contractions de mon ventre me faisaient mal. Le jour d’après, je buvais 1 litre d’eau minérale pour ressortir 20 minutes plus tard… 1 litre d’eau minérale.
Et moi qui espérait l’attraper à Katmandou, cette turista. Jusque là dans tous mes voyages en zones “non-occidentalisées” j’ai choppé cette saloperie dans les premières semaines, une sorte de check-point obligatoire, le temps que mon corps dise coucou aux bactéries locales.
J’ai passé la mâtinée amorphe, sur une chaise longue, à ne rien pouvoir avaler. Mon prof de kayak me poussant à bouger, on est parti faire une petite marche dans la montagne.
Pas si mauvaise idée, j’y ai fait de belles rencontres et ça m’a remis sur pied. A tel point que j’ai accepté une remise à l’eau, toute douce, juste pour ne pas perdre le mouvement des pagaies.
WATER, c’est plus fort que toi !
Jour 2 :
Pas si mal, je réussis un peu mieux mes esquimautages, je vois des magnifiques paysages a certains moments (j’évite de me concentrer trop sur le paysage pendant les rapides).
Certes j’ai pas mal goûté l’eau, mais c’est comme ça qu’on apprend. =)
Moment de rigolade au moment du retour au campement :
(essoufflé d’avoir porté mon kayak jusqu’à la route)
– Et maintenant tu appelles le campement pour qu’ils viennent nous chercher ?
– Non, on attend qu’une voiture ou un camion veuille bien nous prendre en stop.
– Avec deux kayaks et notre équipement jaune fluo ?? C’est tout à fait normal… >_<
Finalement c’est sur le toit d’un camion citerne qu’on fit notre retour, c’était vraiment fun **, vivement qu’on refasse ça demain !
Jour 3 :
Après quelques exercices, dans la vallée encore embrumée, on ressort de l’eau pour cette fois-ci partir en descente toute la journée avec un groupe de deux australiennes en rafting. Tout le campement en profite, c’est un peu la sortie de la semaine. Deux guides népalais et deux australiennes pour le rafting, précédé de quartes kayaks (mon guide, son petit français, un kayak de secourt pour le rafting et un assistant cuisine qui profite de la sortie).
Bilan : Je me suis fait retourner comme une crêpe #ungrandnombre fois par des vagues de classe 3+, loupant par la même occasion mes esquimautages… à l’heure où je vous parle je tape sur mon clavier avec seulement 2 doigts, c’est vous dire…
Je ne me souviens pas avoir été de toute ma vie, aussi fatigué, et je découvre avec horreur chaque petit muscle de mon corps qui crie à l’aide (je ne savais pas qu’on avait autant de muscles dans le dos !).
Beaucoup d’écume, quelques grosses frayeurs, trop d’eau dans le nez, une tête qui ne connait plus le sens du mot “gravité”. J’ai demandé à visiter la région (en moto) demain matin…
Bonne nuit. (Khatauti Khola, 22/02/10, 17h30)
Kayak ? Qui a dit kayak ?
Après une petite déprime, rien de mieux qu’un bon remontant, pas vrai ? (bon et puis, il faudrait aussi qu’ils arrêtent de me mettre 2 lits partout où je vais, d”accord ?!?)
Sans trainer, je me suis programmé 5 jours de kayak dans les rapides himalayens. Deux jours de cours pour me perfectionner et 3 jours de descente.
Départ ce matin à 7h de Katmandou (bon et puis, il faudrait aussi qu’ils arrêtent de me faire me lever à l’heure où je me couchais avant…), arrivé au campement à 13h. Oui bon c’est vrai, le mec m’avait dit 3h de route… mais on n’est pas à ça prêt ici.
En tout cas, ça ne m’a pas empêché de sauter dans le kayak dès mon arrivée. Par contre, petite surprise après le premier dessalage (lorsque vous êtes passé… sous votre kayak) :
– Ah, mais tu ne sais pas esquimauter ?
– Heu… dans la théorie si, mais…
J’avais marqué niveau moyen ? En fait on va dire niveau débutant alors…
Résultat, j’ai l’impression d’avoir passé plus de temps la tête sous l’eau que hors de l’eau. Mais ! J’ai réussi mon premier esquimautage ! YATTAAAA !
(Esquimauter, c’est une technique qui consiste à se remettre à l’endroit tout seul, sans sortir de son kayak. Imaginez une série de mouvements pour se retourner, la tête sous l’eau, en apnée)
D’ailleurs, j’ai pas mal angoissé sur le fait de parler “gestes de sécurité” entres deux personnes qui parlent assez moyennement anglais. Finalement, le langage corporel c’est bien pratique. =)
La journée se finit sur des parties de “Goats & Tigers”. Il avait beau dire que je jouais très bien, il m’a mis 3 – 0 tout de même.
Playliste de : Thomas // 6h30 à Katmandou
Ne me demande pas comment j’ai fait pour me lever à une heure pareille… j’étais obligé.
(je vous avais préparé une petite vidéo plutôt qu’une photo, mais mon netbook n’est pas assez puissant et j’ai pas les logiciels dont j’aurais besoin. Tant pis)
Le saviez vous : Tourist & Local bus
Combien de personnes fait-on rentrer dans un Tourist Bus de 22 places assises ?
De 2 à 20, suivant la saison (chauffeur compris).
Combien de personnes fait-on rentrer “dans” un Local Bus de 22 places assises ?
De 40 à 70, suivant l’expérience et l’enthousiasme du rabatteur.
Le bus ne s’arrêtant que le moins possible, c’est au rabatteur de crier les destinations et de faire monter à chaque coin de rue le maximum de personnes… sans que le bus n’ai besoin de s’arrêter bien évidemment.
A titre indicatif, un trajet d’une heure en local bus m’a coûté environs 0,2€ (avec les sourires des gens en plus).
Bienvenu chez Santos
Suite de la petite excursion à Nagarkot, après le levé de soleil, l’école qui surgit de nulle part, me voici arrivé au temple de Sangu Narayan (magnifique d’ailleurs).
Traditionnellement, je me pose et un pseudo-guide vient me voir pour essayer de me proposer ses services. Je dis non tout de suite – je déteste cette attitude, si j’ai besoin d’un guide je sais où en trouver. Mais il s’installe, commence à discuter avec moi. Je lui dis que je voyage avec un minimum d’argent, et que je ne sais même pas si j’aurai assez d’argent pour prendre le bus pour Katmandou, il ne faut donc pas trop que je tarde, si je veux en faire un maximum à pied.
Et là, spontanément, il me dit qu’il aime les gens qui voyagent sans argent, alors je pourrais rester dormir ici et manger avec sa famille ? Comme ça je repartirais demain en pleine forme. J’hésite… et puis pourquoi pas ?
Je passe la fin d’après midi au Temple avec lui, puis là soirée chez lui dans son village natal, avec sa femme et ses enfants.
Je mange avec eux, cuisine végétarienne (la viande est trop chère), pour la première fois rien qu’avec les doigts (j’ai encore des progrès à faire, j’en ai foutu partout), je discute de ses projets…
La soirée se termine sur une partie de “Goats and Tigers” avec son fils. (erratum, j’avais marqué Ghosts au lieu de Goats, erreur corrigé)
La journée du lendemain fut inoubliable, mais je la garderais pour moi. J’en ai pleuré des larmes de sang, sauf que là ce n’était pas au sens figuré.