Journals
Résumé Twitter de la semaine 2011-12-05
- On m’annonce qu’il fait +14° en France, pendant que je me tape des -25° en pleine journée… Parfois je vous envie. Enfin parfois seulement #
- RT @julespajot: @Ulan_Bastsaaard : j’ai le plaisir de t’annoncer que tu es dans Roadtrip mag ! o/ -> http://t.co/c0YjyMVQ #
- Le début de la gloire o/ RT @julespajot J’ai le plaisir de t’annoncer que tu es dans Roadtrip mag ! o/ -> http://t.co/c0YjyMVQ #
- RT @LeCrapo: Bon, je fini mon assiette et je file me coucher. http://t.co/Dgk9XjV9 #NotSafeForVegan #
- Non non, le CDMA c’est l’ancêtre du GSM, lui même ancêtre du EDGE, lui même ancêtre de la 3G. Tirer des câbles, ici ? Tou es fou ! #
- On me demande souvent d’où je me connecte, là c’est d’un modem CMDA. Ping 830 ms – Débit 0,05 Mb/s. Avouez que vous êtes jaloux. #
- Je voulais aller au cyber-cafe aujourd’hui, pour vous raconter des histoires. Il fait -25 dehors et je suis malade comme un chien… Fuck #
- Ce matin une grand-mere Mongole c’est fait un masque avec le beurre de Yack qui restait sur la table. Blogeuses beautés, à vous de jouer o/ #
- J’ai explosé de rire lorsque j’ai lu vos propositions d’histoires http://t.co/WGXcpRvg tellement merci #storytelling #
Pourquoi je ne ferais pas de reportage sur les Aigliers Mongoles
Les aigliers Mongoles, c’est l’excuse dont je me suis servis pour organiser tout ce périple. Pourquoi je dis excuse ? Parce qu’il en faut bien une, pour organiser un projet comme ça. Un but, tout aussi facultatif soit-il.
Ce que j’essaye de dire maladroitement par là, c’est à peu prêt « On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait » (Nicolas Bouvier dans L’Usage du Monde). Sachant très bien que mon but pouvait n’être qu’un prétexte ; il ne constituait pas à lui tout seul le voyage, il l’orientait.
Je ne vais pas non plus être mauvaise langue, ce reportage sur les Aigliers Mongoles me passionnait tout autant qu’il me tenait à coeur. L’aurais-je fantasmé ? M’en suis-je fait tout un monde ? Je ne sais pas, mais en tout cas je n’ai pas du tout trouvé ce que j’imaginais.
Récemment, plusieurs personnes m’ont envoyé cet article publié dans le monde. C’est joliment romancé, les mots sont beaux et paraissent juste, c’est exactement ce que j’avais lu à propos du Festival de l’Aigle qui se déroule en Octobre.
Mais voilà, j’ai volontairement évité ce festival, le jugeant trop « touristique » à mon goût. Je voulais goûter et découvrir la « vrai » vie de ces chasseurs à l’Aigle, dont la période de chasse se déroule en hiver… période anti-touristique par excellence.
Une chose m’avait marqué avant de partir, mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que ça : on trouve beaucoup d’informations sur ce festival, mais quasiment aucune sur la période de chasse et la vie des chasseurs. C’est là que fut ma surprise en vivant près d’une semaine avec l’un de ces chasseurs à l’aigle.
Je dis l’un de ces chasseurs, mais laissez-moi plutôt vous présenter le personnage : Héros de cette année, c’est justement le gagnant de ce festival de l’aigle d’Olgii. Il a été élu meilleur chasseur de la région pour 2011. Un vieux monsieur, digne, un peu maladroit et assez austère.
Je voulais une vision moderne de cet art ancestrale, où comment on pouvait encore combiner modernité et traditions. Et bien figurez vous que la tradition en est belle et bien une, qui survie non pas grâce aux aigles, mais plutôt grâce au tourisme.
Ceci n’est nullement une critique, bien au contraire je trouve ça très bien, mais ce fût juste une grosse surprise. Je m’attendais à y rencontrer des chasseurs aguerris, qui tuaient lapins, marmottes et renard à tours, pour vendre leur fourrures sur les marchés. Ce que je découvris, c’est que le meilleur chasseur de cette année, n’avait attrapé pour toute l’année dernière que 3 renards… dont il pouvait espérer tirer quelques 5 ou 6 euros sur un marché, alors qu’une seule « partie de chasse » pour touriste (la plupart du temps infructueuse) lui rapportait dans les 20 euros.
Du coup, la déception était bien là. Je me retrouvais face à une tradition certes ancestrale, mais perpétuée uniquement dans un but de conservation. Les chasseurs que je m’imaginais, ne vivent plus de la chasse depuis bien longtemps, mais héros de leur région ils conservaient cet art dans le respect de leurs aïeux, pour le festival et quelques touristes.
Loin de moi l’idée de critiquer ces hommes, ni ces bêtes aussi majestueuses soient-elles, je n’ai pas envie de faire un reportage sur une tradition lointaine, je voulais faire un reportage sur des hommes et des vies. Ces « chasseurs » sont maintenant pour la plupart devenus des bergers, très respectés par la population locale pour la conservation de cet art.
Alors qu’un jour ils avaient sorti l’aigle « pour me montrer » comment on l’entraînait, le fil du chasseur aperçu un renard sur le versant d’en face. Après une tentative infructueuse de l’attraper, le chasseur décida que ce serait tout pour aujourd’hui. Le fils plus téméraire, demanda une bonne heure plus tard, la permission de ressortir avec l’Aigle pour une deuxième tentative.
J’ai donc vu pour la première fois, un aigle royal attraper un renard ! C’était beaucoup trop loin pour pouvoir y prendre une quelconque photo ou vidéo. Mais ce que j’ai par contre aimé prendre en photo, ce sont les félicitations que reçu le père par toute la famille… laissant au fils le soin de dépecer et vider la proie.
Désolé à tous ceux pour qui j’aurais brisé quelques rêves, ce texte n’est qu’un ressenti personnel et ne remet en aucune cause la splendeur de cette tradition.
J’ai joué à saute moutons
La règle est très simple :
1/ Tu accompagnes le père avec du produit anti-puces et de l’eau. Il fera le bon mélange, ne t’en préoccupe pas.
2/ Tu repères les béliers et brebis avec la bonne entaille dans l’oreille. Attention, une mauvaise entaille et tu passes ton tour !
3/ Tu attrapes ton mouton comme tu peux. Laine, cornes, pattes… tous les coups sont permis.
4/ Tu ramènes ton trophée au père, pour qu’il lui applique la lotion préparée à l’étape 1.
Règle facultative : Pour les débutants, il est autorisé de s’y prendre à 2 pour ramener un gros bélier, la moitié des points sera attribuée à chaque joueur.
PS : J’ai mangé la terre à trois reprises… un bélier c’est comme SEGA, c’est plus fort que moi.
For my friend, Ruben Brulat
Ruben, c’est à la fois un très bon ami et un excellent photographe, que je respecte beaucoup artistiquement parlant.
Si vous trouvez que mon projet est un peu dingue, je vous conseille alors de jeter un coup d’oeil sur ses aventures !
J’avais déjà commencé à faire des hommages « For my friend » . Cette année je fais celui-ci, que vous trouverez ici en haute résolution.
L’année dernière lorsque j’étais dans le Teraï au Népal lui était à Ushuaia en Argentine. Cette année ça a donné ça :
– DUDE !!!!
– HEY ! T’es où mec ?
– Bukhara, Uzbekistan !
– Astana, Kazakhstan !
Pendant que je me balade en Mongolie, lui tente de rejoindre Pékin à pied. Et si on rentrait ensemble par le transsibérien ?
Résumé Twitter de la semaine 2011-11-28
Storytelling
Rubrique empruntée à notre très chère Eleonore Bridge sur Lense, le principe est très simple : laissez votre imagination raconter l’histoire qui se cache derrière cette photo et proposez lui un titre !
Pour ne pas vous influencer et laisser libre court à vos idées, je ne donnerais l’histoire de cette photo que dans une semaine, quand j’aurais pris le temps de savourer toutes vos propositions…
Ces petits matins… de la maison Kazakh
Il est encore trop tôt, la lumière du soleil n’a même pas illuminé ces minuscules fenêtres, plantés au milieu de ce gros mur de terre. J’entrouvre à peine les yeux, blottis dans mon duvet de montagne encore chaud, que là mère de famille réanime déjà le feu dans le poêle.
Ce poêle planté au milieu de la pièce est comme le coeur de cette maison. On y insère toute la journée l’unique combustible que l’on trouve ici : les bouses de yak séchées, de l’année dernière. Ce poêle aux aires mystique permet à cette maison d’être un lieu de vie. Alors que dehors, le froid glacial a profité de la nuit pour gagner du terrain, formant à la base des petites fenêtres – à l’intérieur de la maison – un bon centimètre de glace.
Ces petites fenêtres, au nombre de 4 pour toute la maison, je les aime bien. Elles apportent de la lumière, mais surtout, elles me donnent tous les matins un nouveau dessin abstrait à contempler.
Pendant que Hundiz – la plus jeune de la famille – crie, hurle et joue à mettre ses mains sur les vitres givrés pour y laisser la trace de sa main, je songe doucement à m’extirper de mon duvet, bien trop chaud pour en sortir tout de suite.
C’est un de ces matins, comme tous les autres ici, où rien ne vous oblige à sortir « maintenant » de la douceur de la nuit, 10 minutes de plus ne feront de mal à personne. Voyant toute la famille déjà debout, je me force à ouvrir la fermeture éclaire, qui laissera inévitablement rentrer ce petit frisson saisissant. Pas si mauvais que ça le petit frisson, car c’est lui qui m’oblige à m’habiller des quelques couches de vêtements qui ne quitteront pas ma peau de la journée.
Je me lève et rejoins tout le monde autour de la table familiale, pour y boire un thé au lait brûlant et manger de petits cailloux.
Ça, c’est ce qu’ils appellent du fromage. Moi j’appelle ça des petits cailloux. Ça a la couleur d’un silex, ça a la forme d’un silex, ça a la solidité d’un silex, seul peut être le goût diffère ? Je me pose cette question car sincèrement je n’ai jamais goûté de silex.
Ce fromage est tellement dur, que même eux le laissent tremper dans leur thé pour réussir à y grignoter de petits morceaux.
Je me console avec leurs petits morceaux de pain fris, sur lesquels je mets un peu de beurre de yak. Ce que j’aime avec le beurre maison, c’est que dans chaque famille il a un gout différent, celui-ci est très légèrement salé avec une pointe d’acidité.
On termine de s’habiller, j’enfile mes 2 ou 3 paires de gant puis l’indispensable bonnet ou chapeau de fourrure. Le soleil est levé, il est 8h37, l’heure parfaite pour aller sortir les moutons, pendant que la mère – comme tous les matins – trait les yak devant la maison.