Journals
Résumé Twitter de la semaine 2011-11-07
- La température maximal d’aujourd’hui a été de -9°C. Froid n’est pas vraiment le mot que j’aurais choisi pour décrire ce qu’on peux ressentir #
- Point météo. Astana (KZ), Demain -16°C -__- » #BeStrong #BeHot #
- Je recherche des infos sur un mec en Russie qui pourra peut-être me « clouter » mes pneus et je tombe sur ça http://t.co/GoIv4p6o #priceless #
- Je crois que j’ai besoin de partir loin, pour me rendre compte combien les gens me manquent. J’aime ça, ce recul, cette prise de conscience #
- Certains de vos emails me font pleurer. Je voulais vous le dire. Merci. #
- Demande de visa Russe : CHALLENGE ACCEPTED *o/* #
- Toi < SEGA < L’hiver Kazakh #
- Aujourd’hui, on va essayer de trouver des Moon-Boots pour Barbara ; voir même des crampons d’alpinisme. #
- « DUDE !!!! » « HEY ! T’es où mec ? » « Bukhara, Uzbekistan ! » « Moi Astana, Kazakhstan » Putain c’est bon de retrouver l’ami @rubenbrulat #
- C’est quand je regarde la carte, que je relis certains mails et pleure devant vos petits mots, que je me dit que rien n’est impossible. #
- Mon moral varie en fonction des rencontres. Moral +1000 #
- Hier je déconnais pour le pic à glace ! J’en ai pas. J’ai attaqué Barbara au tournevis plat pour retirer la couche de glace. #1cm #
- Ici c’est Picard-Land. À chaque fois je veux utiliser quelque chose ou ouvrir une caisse, il faut que je passe par l’étape « decongélation » #
- #doutes #
- Je suis arrivé à Astana STOP Je suis en vie STOP Je vais decongeler Barbara au pic à glace et je reviens STOP À vous. #
Le Championnat National de Lutte Grêco-Romaine
Des rencontres improbables vous aviez dit ? Lisez donc la suite.
Le soir de cette journée en enfer, après que l’homme au camion citerne m’ait aidé à rejoindre la petite ville de Zhaksy, pas évident de trouver où dormir. D’autant plus qu’il m’avait laissé un peu loin à l’entrée de la ville ; lui avait encore beaucoup de route à faire. Après un faux-espoir de pouvoir rejoindre Astana le soir même en camion, ce sont des policiers qui traînaient dans le coin qui sont venus à ma rescousse. On avait beau me dire de faire particulièrement attention aux flics du Kazakhstan, pour le moment je n’ai eu que de bonnes expériences ! Ces deux flics m’ont donc conduit dans un hôtel… enfin ce que je croyais au début être un hôtel.
La concierge leur dit que non ce n’est pas possible, ils sont complet ce soir. Ça discute, tout le monde essaye de comprendre ce que je fais ici, quand soudain un type sorti de nulle part (comme toujours) comprend que je suis photographe. Son regard change, il avait une idée derrière la tête. Il discute un peu avec la concierge, avec les flics, me demande si j’ai de quoi payer ma nuit… et me fait finalement signe de le suivre. Il me conduit dans une chambre avec de gros messieurs bien balaises et me dit de m’installer sur le lit libre.
Je venais d’atterrir dans le dortoir d’un gymnase, la veille du championnat national de lutte Grêco-Romaine du Kazakhstan pour les 13-14 ans ! Je dormais donc avec les coachs. J’allais couvrir l’évènement le lendemain.
Ces enfants ont tous 14 ans. Leur discipline associé à leur âge, a été pour moi d’une violence à couper le souffle.
Alors que je venais de prendre cette dernière photo… ce visage angélique tout droit sorti d’une peinture religieuse, cette brutalité, cette souffrance, cette volonté, cette hargne… Je me suis mis à pleurer, là sur le tatami, à côté d’eux. Après la journée que je venais de passer la veille, trop de sentiments se sont bousculés.
Live : Aujourd’hui table ronde à l’Alliance Française d’Astana
Si vous ne faites rien aujourd’hui et que vous vouliez prendre un billet d’avion pour le Kazakhstan, j’anime dans 1h une table ronde à l’Alliance Française d’Astana.
Après une rencontre – toute aussi improbable que les autres (et encore vous n’avez rien vu…) – me voici l’invité d’honneur de la table ronde de ce samedi. On m’y a convié pour parler de mon voyage et partager la culture française, aux étudiants Kazakhs apprenant le français.
La rencontre commence dans 1h et ce terminera vers 16h (soit à 11h heure française)… Je vous y attends de pied ferme !
Une journée en enfer ou Glace versus Barbara : 9 à 4
Après cette nuit un peu frisquette et pas très joyeuse. Quel que soit l’état de la route et de la météo, je ne me voyais pas rester coincé une semaine ici.
Je me lève, ni une ni deux je regarde le ciel – toujours gris prêt à neiger – tant pis, je fais mes affaires. Surprise en voulant démarrer la moto, le circuit électrique se coupe brusquement au moment d’actionner le démarreur électrique. Je secoue la moto et voilà mes voyants qui se rallument. Je relance le démarreur, tout se coupe, plus de jus. Grosse frayeur, je n’ai pas de kick sur cette moto et je suis une bille en électronique. Je pense batterie, froid, relais, faux-contact… J’arrête finalement de penser, je maintiens le démarreur enfoncé et secoue violemment la moto, ça marche.
Voilà ce qui m’attendait aujourd’hui : une piste défoncée, recouverte de glace, saupoudrée de neige. Miam.
400 mètres plus loin, BIIIMM, ma première vraie gamelle depuis le départ de ce voyage ; si on met de côté ma glissade dans la boue lorsque les ouvriers Kazakhs m’ont conduit à leur campement. 800 mètres plus loin, BIIIMM, c’était donc ma deuxième. J’avais à peine parcourus 1 km que je m’étais déjà ramassé deux fois, sans compter cette épaule maintenant assez douloureuse. Car oui, j’ai été con, j’ai essayé de relever la moto avec son chargement…
J’ai sorti la carte « Be Strong » , puis la carte « Moral de fer » et j’ai continué.
A la 4 ème chute, je trouvais ça presque normal. On aurait presque pu m’imaginer en train de décharger cette moto couchée au sol en sifflotant. Car oui, il faut garder à l’esprit que les étapes : glisser au sol, se relever, décharger la moto, relever la moto, glisser, relever la moto, recharger, souffler, repartir en laissant trainer les pieds sur les côtés comme de petites roulettes… tout ça me prenait grosso-modo entre 20 et 30 minutes à chaque fois.
A la 6 ème chute, alors que j’étais sur de la piste, j’ai pris un visage grave et une importante décision. Il était hors que question que je continue comme ça avec mes pneus mixtes, devenus lisse avec le temps. Leur bande de roulement ininterrompue allait voir de quel bois je me chauffe… j’ai sorti le couteau.
Si vous montrez ça à un motard, il vous dira que j’étais soit fou, soit désespéré. Je pense que c’était un peu des deux. N’empêche que ça m’a bien aidé. Je déconseille tout de même cette opération périlleuse à mes lecteurs.
A la 7 ème chute, je commençais à être vraiment nase et j’ai appelé Clémence pour la prévenir de la situation. On a fait un point avec mes cartes : j’étais parti il y a 4h, j’avais avancé de 26 km, chuté 7 fois, il faisait -5°C et recommençait à neiger. Le prochain village était dans 18 km, c’était devenu mon ultime objectif.
Ce dont je ne me doutais pas, c’est qu’il allait y avoir ce petit bonhomme qui est sorti d’un fourré alors que je venais à peine de racrocher. Je ne l’avais pas vu arriver avec son camion citerne, car il roulait plus loin dans les champs et c’est arrêté après m’avoir vu au loin, seul sur la route. Il n’a fallu aucun mot pour qu’il comprenne la situation, il a déchargé ma moto et a tout installé dans son camion ; il m’a fait signe de le suivre, il allait m’ouvrir la voie. En effet, trop dangereux de rouler sur la « route », il coupait à travers les champs.
Il m’a montré le chemin et est venu m’aider à relever la moto à chaque chute (dont une où on c’est tous les deux cassé la figure sur la glace en essayant de relever Barbara). Et surtout il m’a souri à chaque fois le plus sincèrement du monde, avec les quelques dents qu’il lui restait. Je suis arrivé avec son aide pour la tombée de la nuit dans le village. Je venais de faire une étape de 42 km.
PS : Vous aurez peut-être remarqué le ″9 à 4″ du titre, qui symbolise ces 4 fois où j’ai réussi à « rattraper », d’un jeu de hanche et de guidon, les glissades de la bête de 300 kg. Je peux vous dire que j’étais FIERTÉ !
Bienvenue chez lui
Lui, c’est cet homme dont j’ai oublié le nom. Oui je sais, c’est honteux. Mais c’est vrai, j’ai une mémoire auditive absolument hors d’usage. Autant ma mémoire visuelle est particulièrement bonne, je peux regarder la carte d’une ville inconnue et la mémoriser pour m’y orienter. Mais la mémoire auditive est chez moi une véritable catastrophe, d’où aussi ma grande difficulté à apprendre les langues étrangères je pense.
Ce que j’ai de lui, c’est cette signature qu’il a posé sur le dessin. Je demande presque systématiquement aux gens d’écrire leurs noms à côté de mes croquis, mais il l’a carrément signé. Pourquoi pas, mais je ne peux plus déchiffrer son nom.
Lui, c’est l’homme que vous voyez porter mon casque à la fin de la vidéo « Barbara et les rencontres magiques » . Car figurez vous que l’homme à cheval, je ne l’ai jamais revu. Il ne m’avait pas invité à manger chez lui, mais chez un ami. Dommage, j’aurais bien aimé le photographier cet homme aux chevaux magiques.
Cet homme était gentil, étrange, tourmenté et surtout contrasté, tout comme son pays. Je suis resté 2 jours et 2 nuits avec lui, coincé par la glace et la neige qui n’arrêtait pas de tomber dehors. On avait du mal à communiquer et il ne voulait pas que je l’aide pour les travaux de la maison, alors parfois je le filmais. Mais le deuxième soir, alors que sa femme n’était pas là, il est devenu plutôt agressif avec moi. Il me disait de partir, il était 20h et faisait déjà nuit noire, il neigeait et faisait -8°C dehors. Il n’avait pas rallumé le poele à charbon de la journée, la température de la maison descendait progressivement, le moral avec.
Je suis allé dans la cuisine et j’ai trouvé cette bouteille de vodka qu’on avait ouvert ensemble, vide à côté d’une autre à moitié entamée. Je me suis servis un grand verre que j’ai bu cul-sec. J’ai enfilé toutes les couches de vêtement que j’avais à portée et je suis allé fermer les yeux, assis sur le canapé.
Le petit village de Mokhovoye
Habituellement, chaque mercredi c’est le « pêle-mêle » de la semaine. Mais cette semaine fut si étrange que je n’étais plus trop d’humeur pour ces quelques clichés, pris pour la plupart à la volée sur ma route. Du coup, je vous propose plutôt la visite du petit village de Mokhovoye, au nord du Kazakhstan.