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Les Kouangxi Waterfalls et la couleuvre d’eau
Après une expédition de 4 jours dans la jungle pour ma série photo, nous nous sommes accordés une petite après-midi détente dans un endroit paradisiaque : les Kouangxi waterfalls de Luang Prabang.
Non non, ceci n’est pas le décor du dernier parc aquatique à la mode. Ce sont de mignonnes petites cascades naturelles, déversant de bassin en bassin une eau opaque d’un bleu turquoise, presque soyeux. Certains bassins sont heureusement interdit à la baignade, ce qui permet de préserver la faune et la flore de ce petit coin de paradis.
Se baigner et se détendre, c’est bien. Mais qu’est-ce qui aurait pu me faire encore plus plaisir que de tomber nez à nez avec une couleuvre d’eau ? Elle se reposait là, tranquillement sur son petit bambou, au dessus d’une cascade. A la vue de son ventre, elle venait de manger, un beau poisson très certainement. Excité comme un gamin, je n’ai pas pu m’empêcher d’emprunter l’A7II et le 28-135 que Jules utilisait pour son film, pour aller lui tirer le portrait, et ce malgré les pierres glissantes que j’ai traversé tel un équilibriste, l’appareil photo tenu à bout de bras au dessus de l’eau.
C’est pas toi qui prend la route, c’est elle qui t’attrape et joue avec toi
Vouloir rouler au Laos était une très bonne idée en soit. Rouler au Laos en période de mousson… est une idée marrante, mais qu’on ne qualifierait pas vraiment de bonne idée.
On en chie, certes. Mais qu’est-ce qu’on en rigole après !
Pour cette dernière photo, ce n’était que la récompense après l’effort : une côte de 500 m de boue dégoulinante. Le camion qui nous suivait est lui resté en bas.
Pourquoi je ne suis parti qu’avec le Sony RX1
L’une des particularités de la photo de voyage, c’est de devoir faire un choix drastique dans les boitiers, optiques et autres accessoires que l’on emmène avec soi.
Lors de ma série Gods & Beasts en Mongolie, c’est ma moto qui portait l’équipement et heureusement car je n’y étais pas allé de main morte ! Deux boitiers, 4 optiques, un flash AcuteB2 sur batterie avec trépieds et tout le bordel : tout ça occupait une caisse entière sur ma moto.
Pour ce nouveau voyage (et cette nouvelle série, oui c’est bon je l’ai dit…) j’ai décidé de ne partir qu’avec un sac à dos, suffisamment léger pour le supporter une journée complète de marche. En prenant en compte que pour cette série, Profoto m’a équipé de leur tout nouveau flash autonome B2 avec deux têtes… imaginez bien qu’il ne restait pas beaucoup de place pour les vêtements et l’appareil photo.
Au début mon choix se portait naturellement sur l’excellente gamme Alpha7 que j’utilise quotidiennement et pour tous mes boulots. Mais à peine quelques jours avant le départ, j’ai fait une découverte qui a littéralement changé la donne : le Sony RX1 possède un obturateur central permettant de synchroniser les flashs à une vitesse pouvant atteindre 1/640 s ! C’est diablement intéressant, comparé aux traditionnels obturateurs à rideaux qui ne montent rarement au dessus de 1/200 s.
Le RX1 est un boitier photo « en fin de vie » (comprendre qu’il est sorti il y a 2 ans et demi), mais n’a rien perdu avec l’âge ! C’est toujours le plus petit appareil photo au monde à embarquer un capteur Full-Frame (24×36), couplé avec un excellent 35mm fixe qui ouvre à f/2. Alors certes on ne peut pas changer d’optique, mais quelle taille de guêpe ! Et sans parler de son ergonomie avec la bague d’ouverture à l’ancienne <3
Vous l'aurez compris, j'aime d'amour ce petit boitier. Je l'utilise finalement rarement, car travailler tout en 35mm est une sacrée contrainte pour le boulot. Mais pour cette nouvelle série photo et ce voyage, j'ai décidé de prendre cette singularité à bras le corps et de l'utiliser comme contrainte créative. J'attends tout de même avec impatience que Sony annonce la relève, car les fonctions auxquelles je suis maintenant habitué - comme l'écran orientable ou le Wifi/NFC - me manquent un peu.
PS : Voici la preuve qu'on peut presque tout faire avec un 35mm, même de la photo animalière... de proximité
Ce sentiment de déception que je connais bien
Hier soir était une dure soirée ; malgré ce couché de soleil radieux sur le Mékong, j’avais le moral dans les chaussettes.
La raison de cette baisse de moral est un sentiment que je connais maintenant trop bien : la déception des plans qui ne se déroulent pas comme je l’aimerais. Lorsqu’on part en voyage sans aucun planning mais que certains impératifs (administratifs ou professionnels) viennent s’y ajouter, ça complique toujours un peu les choses.
Pour des raisons professionnelles, je dois être à Luang Prabang dans 9 jours. Pour des raisons personnelles, nous avons acheté de merveilleuses petites Honda Win (soyons honnête, de piètres copies chinoises, mais soit). L’un dans l’autre il y a un souci dont je n’ai pris conscience qu’hier soir : avec notre 40 km/h de moyenne, nous ne serons jamais à Luang Prabang dans les temps (ou du moins le timing trop serré ne nous permettrait aucun répit ni imprévu).
De cette prise de conscience, s’en est suivi de longues discussions sur les concessions que nous étions prêt à faire pour atteindre notre objectif. Nous reprendrons donc la route dès demain matin, et nous revendrons très certainement nos petites motos à la prochaine grosse ville. La route vers le nord du Laos se fera surement par des bus de nuit, nous faisant gagner de précieux jours sur un timing devenu trop serré.
Je n’aime toujours pas ce sentiment de déception, que je connais trop bien ; celui qui nous oblige à faire des choix… Mais n’est-ce pas le prix à payer pour voyager sans planifier ? Si oui, alors je le paye volontiers.
Bienvenu au Laos et départ de l’aventure
C’est bon, nous y sommes ! Je vous présente ici une jolie rue de Pakse (ou Pakxé), principale ville du sud du Laos.
Après 3 petits jours en Thaïlande, nous avons pris un train de nuit en direction de la frontière Laotienne. L’habituel point d’entrée pour le Laos est sa capitale Vientiane, mais nous avons préféré passer par le sud pour arriver directement à Pakse et franchir la frontière à pied. Passage de frontière qui s’est passé excellemment bien… voir même étrange tellement les gens étaient accueillant et essayaient en permanence de nous aider, y compris les officiers et autres services de douane. J’avoue n’avoir rarement connu un passage de frontière aussi souriant, mis à part peut-être celui mon entrée en Géorgie.
La véritable aventure va donc démarrer à partir de maintenant, notre but étant de traverser le Laos de son extrémité sud à son extrémité nord. Pour ça, nous allons voir demain si on peut s’acheter des motos, ou trouver tout autre moyen de transport qui nous permettra d’allier liberté et mobilité. La saison de la mousson ne va pas vraiment nous aider, car sur ma carte certaines routes ou pistes sont indiquées comme « dry season only »… je vous laisse imaginer pourquoi !
Une fois un moyen de locomotion dégoté ce sera direction le sud-sud, et place à l’exploration !
Je garderais en permanence mon tracker GPS avec moi, ce qui vous permettra de suivre l’aventure en temps réel à cette adresse
http://www.remichapeaublanc.com/road-trips/?map=865
Sur ce, et après une journée bien remplie, je vais aller dormir… et rêver des différentes Honda Win, Honda Dream ou Honda Wave que nous pourrons trouver demain au black-market. o//
Nouvelle expédition et choix du sac à dos
A peine 2 mois que je suis revenu de Mongolie, et Youplaboum, dans 3 jours je serais de nouveau dans un avion.
Cette fois-ci, ce sera pour découvrir une partie du monde que je ne connais pas du tout : l’Indochine, ou l’Asie du Sud-Est continentale.
Arrivé à Bangkok, nous sauterons dans un <insérez ici le nom d’un moyen de transport quelconque> pour aller très vite en direction du sud du Laos. Une fois au Laos, aucun planning précis et surtout aucun itinéraire prédéfini ! Place à la découverte. Le visa pour le Laos n’étant que d’un mois, il est fort possible que l’on migre ensuite à travers la Thaïlande pour aller en Birmanie du sud. Rien n’est réellement établis, car tout s’organisera sur place en fonction des rencontres.
Si je parle à la première personne du pluriel, c’est que ce voyage ne se fera pas en solitaire, mais bel et bien en duo !
C’est avec une baroudeuse aguerrie que je partagerais ma route, je parle bien sur de la magnifique Franco-Italo-Brésilienne : Maria La Rouge.
Mais aujourd’hui je suis confronté – comme à chaque départ – à des choix cornéliens. Par exemple avec quel sac partir ?
Nous nous sommes imposé de partir au plus léger possible, avec la contrainte de n’avoir qu’un sac chacun – non négociable. C’est bien beau ça, mais quand je décide de partir avec un studio photo, que me restera-t-il comme place pour les caleçons ?
Avantage de ce voyage : ce sera en pleine mousson, soit 35°C de moyenne et 3 douches naturelles par jour.
Inconvénient : ce sera en pleine mousson.
Vais-je prendre mon gros sac de rando Osprey, qui est extrêmement confortable mais pas étanche ?
Ou bien mon sac étanche de moto Ortlieb, qui est submersible mais ni confortable ni très volumineux ?
Comment faire rentrer le studio photo fournis par Profoto ainsi qu’une tente et une trousse de premier secours ?
Mais avouons le, la véritable question est : Vais-je avoir assez de place pour prendre ma machette ?
Les réponses à toutes ces questions mercredi, lorsque nous compilerons nos affaires avec Maria pour gagner un maximum de place.
Pour suivre cette nouvelle aventure, rendez-vous ici aussi souvent que les connexions me le permettrons, mais surtout sur nos comptes Instagram respectifs qui seront mis à jours très régulièrement !
Remi Chapeaublanc
Maria La Rouge
Woofing chez les Tsaatans
Hier je vous parlais de l’épineuse question d’aller ou non rendre visite aux tribus tsaatans.
Aujourd’hui j’aimerais vous parler de l’un des plus grands honneurs que j’ai pu recevoir ces derniers jours.
Ayant sympathisé avec certains tsaatans du camp, je suis cette fois arrivé chargé de cadeaux (nourriture, ciseaux à bois pour travailler la corne, convertisseur 12v…) et je suis reparti avec presque autans de cadeaux dans les bras. Leur avoir rapporté les photos il y a 2 ans, leur avoir réparé puis renvoyé un Leatherman rongé jusqu’à la dernière lame, et cette fois-ci leur avoir apporté les outils dont ils avaient besoin, a je pense contribué à gagner la confiance du camp.
Outre le fait qu’ils m’ont offert de la vodka jusqu’à plus soif chaque soir passé avec eux, et qu’ils m’ont demandé une explication pour chacun de mes tatouages en rigolant… je me suis vu couvert d’honneur lors de nos dernières cigarettes partagés sous le tipi.
Après une longue discussion et des approbations mutuelles (ainsi que l’approbation du shaman), ils m’ont proposé de rester vivre avec eux le temps que je voulais. Après moult remerciements, j’ai expliqué que je ne pouvais pas rester cette fois-ci, mais que j’acceptais avec un immense honneur leur proposition si je pouvais rester un mois ou deux lorsque je reviendrais les voir la prochaine fois.
En d’autres mots, j’ai eu l’immense privilège pouvoir venir faire du woofing chez les tsaatans.
Je n’ai pour le moment aucune idée de quand je pourrais réaliser ce rêve un peu fou, mais j’y songe très sérieusement. Je me demande aussi si je dois garder cette proposition dans la même simplicité qu’elle m’a été proposée, ou bien peut-être envisager un projet d’une plus grosse envergure avec pourquoi pas une action caritative pour participer à la sauvegarde de leur culture. Qu’en pensez-vous ?
La vraie vie des Tsaatans, ou faut-il aller les voir ?
Il y a quelques temps, une série photo a beaucoup tourné sur facebook avec un très beau méli-mélo de photos provenant de Mongolie, dont notamment beaucoup qui venaient de tribus Tsaatan. On m’a évidemment tagué plusieurs fois en me disant « Hey Rémi, regarde, ça m’a fait penser à toi ! » . En ce qui me concerne, cette série photo m’a ému et un peu énervé à la fois.
Ému, parce que les photos sont belles, voir très belles. Un peu énervé, car c’est très loin de ce que je connais des Tsaatans, ou encore des tribus Kazakhs avec qui j’ai pu vivre. Cette série photo, pleine de mise en scène et de sensationnel, est très loin de la vie très simple et paisible que j’ai pu observer durant mes quatre périples en Mongolie.
Les Tsaatans (dont la population a été recensée en 2010 à 282 individus, répartis en une vingtaine de familles et dont la moitié vit toujours de manière nomade dans la taïga) est une ethnie menacée de disparition. Leur mode de vie nomade en tipi, est adapté à la survie de leurs animaux : les rennes. Ils se déplacent au fur et à mesure des saisons pour toujours avoir suffisamment de neige, nécessaire à la survie de leurs troupeaux. Ce peuple est réputé pour être très fermé aux étrangers, et même aux mongols avec qui ils n’aiment pas trop se mélanger. Depuis que certaines émissions de télé-réalité ont été tournées chez eux, leur cote auprès des touriste a flambé. Et eux qui vivent très loin des autres civilisations ce sont parfois retrouvés « submergés » par des touristes venant les voir comme dans un zoo.
De cela est né une question qui fait encore débat : Faut-il aller voir les Tsaatans ?
C’est la troisième fois que je vais rendre visite au même groupe (une première fois pour ma série photo Gods & Beasts, une deuxième fois pour leur rapporter les photos, et cette fois-ci juste parce que j’étais dans la région) donc vous pourrez me rétorquer que je suis loin d’être neutre sur cette question. Mais j’ai surtout eu l’occasion de vivre un peu avec eux et chose plus rare : de discuter avec eux de cette question.
Je pense, et ils pensent, que le tourisme est une bonne chose pour eux, tant que ça reste très modéré. Ils ont besoin de conserver leur mode de vie actuel, leurs traditions et leur nomadisme, rien que pour leurs rennes. Le tourisme intense est évidemment une invitation à se sédentariser, pour être plus accessible, ce qu’ils ne veulent pas. Pour eux, la « saison touristique » est entre juin et juillet, lorsqu’ils sont à peu près accessibles (soit à une journée de cheval de la ville la plus proche, elle-même à 5 jours de 4×4 depuis Oulan Bator). C’est une période qui leur permet de vendre des objets en bois et peaux de rennes, et de gagner ainsi un petit complément d’argent. Le reste de l’année, il n’y a quasiment aucun touriste qui vient les voir, soit parce qu’ils sont totalement inaccessibles (très loin dans la taïga) ou que les conditions hivernales en freinent plus d’un (jusqu’à -50°C parfois).
Alors à la question « Faut-il aller voir les Tsaatans » j’aurais envie de répondre « Oui, avec modération et surtout tant que c’est fait dans le plus grand respect de leur intimité et de leurs traditions » .
Attention, ceci n’est pas une invitation à aller les voir, mais plutôt une incitation à bien réfléchir avant de le faire. Surtout qu’il y a quelques règles de base à connaître, comme toujours amener sa propre nourriture pour la durée du séjour afin de ne pas puiser dans leurs maigres réserves ! Le mieux étant de venir avec des vivres supplémentaires, dont des produits de première nécessité. Il faut aussi savoir qu’aller dans la taïga n’a rien de facile et qu’une bonne préparation – à la fois physique et mentale – est nécessaire. Il est généralement impossible d’y accéder en véhicule (prévoir un à plusieurs jours de cheval), il n’y a aucun hôpital à moins de 2-3 jours de route et la météo y est très capricieuse !
Si jamais vous comptiez tenter cette aventure, je serais ravi de répondre à vos questions et même vous donner de très bon contacts sur place, pour organiser votre périple dans les conditions les plus respectueuses.
Loin de moi l’envie de faire de cet article une leçon de morale, j’aimerais surtout vous faire partager mon admiration pour ce peuple, et dans ces quelques photos un peu de la vie de Buynaa, adorable grand-mère tsaatan de 56 ans.
La pêche sous glace en Mongolie
Une vidéo de mon frère (qui attendait ce moment avec peut-être plus d’impatience que le reste de l’aventure) en train d’expérimenter la pêche sous glace !
J’y ai aussi participé, remportant du coup le record du groupe avec 5 poissons en 2h de pêche ! Mais quand je regarde les photos que mon frère a fait de moi, j’hésite encore entre la fierté et le ridicule :)
Le plus beau moment pour moi n’était pas tant cette pêche, mais plutôt l’après où tu prépares et fumes toi même ton poisson, pour s’en régaler ensuite tous ensemble !
Le tour du lac Khuvsgul en chiens de traîneaux
Comment décrire 9 jours passés sur le lac avec chacun ses chiens et son traîneau ? Difficile. J’avoue que je sèche, pour savoir comment partager cette expérience.
Il paraîtrait que faire du chien de traîneau, est l’une des 10 choses à faire au moins une fois dans sa vie avant de mourir. Je pense que c’est totalement n’importe quoi, car il y a au moins MILLE choses à faire MILLE fois dans sa vie au moins une fois avant de mourir ! Mais j’avoue que… faire du chien de traineau est une expérience à vivre absolument !
C’est à la fois un jeu d’enfant et très complexe. C’est à la fois reposant et très stressant par moments. C’est à la fois comme une évidence et totalement surnaturel en même temps.
Bref, ce fut une expérience magique : vivre 9 jours, avec 42 chiens, sur un lac gelé de 180 km de long, transportant avec nous tout ce qui nous était nécessaire. Les conditions de tournage étaient elles… pfiou… pas évidentes !
Sur cette glace – à la fois magnifique, calme et tellement inhospitalière – j’y ai aussi trouvé quelque chose, où plutôt j’y ai trouvé des réponses. Je ne peux pas en dire trop pour le moment, car j’ai mis tout cela en image pour en faire une nouvelle série photo. Un travail de reconstruction que j’attendais depuis 5 mois, que j’ai pu réaliser dans le plus grand des soulagements.