Journals
Bienvenu chez Lakpa, enfin non chez Kinjo
Deuxième jour de marche, avec la nuit prévue à Kutumsang, j’arrive (épuisé) au sommet d’un plateau, sur une petite ferme/maison. Immédiatement accueillis avec un grand sourire, on me demande si je veux pas un Coca, un thé, ou bien une chambre pour la nuit.
Je me pose 5 minutes, remercie poliment, et reprend ma route. Mais une scène assez magique, m’interdit de continuer, et m’oblige à poser le sac à terre pour faire quelques photos **. Immédiatement les habitants de la maison reviennent vers moi et me reproposent leur hospitalité, prétextant que j’ai l’air fatigué.
Bon, il est vrai que je suis fatigué, le soleil se couche dans deux heures, j’ai encore une bonne heure de marche, l’endroit est magnifique… je réfléchis.
Et pourquoi je ne leur demanderais pas de poser ma tente ici sur le plateau ? Je pourrais juste manger avec eux et payer le repas. Marché conclus, je reste.
Je pose mon sac, pour tout de suite aller boire le thé dans la maison.
Lakpa, celui qui se présente comme le maitre des lieux, est en fait le petit frère de Kinjo, qui lui a confié sa femme et ses enfants (Nima, Shilling et Sangay), pendant son voyage à Katmandou, mais en fait la maison est à son Oncle qui… après je n’ai plus tout compris, surtout lorsque le grand-père est arrivé dans l’histoire.
Ils n’ont rien voulu que je paye, j’étais leur invité en ayant passé toute la soirée avec eux. Impossible même de planter ma tente dehors, un lit avait été préparé pour moi.
2ème jour de marche en solo, la déprime me guette
Il est très étrange de s’apercevoir que mes pensées reviennent de manières récurrentes, toujours les mêmes pensées dans les mêmes situations. Par exemple je vais penser toujours aux mêmes personnes devant un beau paysage, ou toujours aux mêmes sujets dans un bus.
Moi qui pensait que l’effort me viderait la tête, au contraire mon cerveau fonctionne 10 fois plus vite. En marchant, je n’ai rien d’autre à faire qu’à penser. Au passé, au futur, mais beaucoup de mal à me concentrer sur le présent. J’ai donc beaucoup ressassé de “pourquoi”, de “et si” et de “et merde”.
Même le Malin a placé des pièges sur ma route. J’ai presque pas hésité, et puis de toute façon je n’avais pas de dollars sur moi…
Bon bon bon, c’est pas le tout, mais j’ai aussi vu des choses sympa sur ma route.
Comme ces paysages népalais, qui me font penser aux maquettes d’étudiants en architecture. Vous ne trouvez pas qu’avec ces cultures en escalier, on a l’impression que les montagnes sont faites d’empilement de cartons plume ?
En tout cas j’ai trouvé pour dormir, un endroit encore plus sympa que la nuit dernière…
En route pour un mini-treck de 3 jours
Katmandou n’est pas une ville qui me botte particulièrement, trop bruyante, trop de monde, trop polluée…
Le fameux colis en provenance du Japon étant déjà sur la route, il me fallait encore attendre 5 jours ici pour le recevoir. L’expérience de la première excursion, bien qu’un peu difficile, me donna envie de renouveler l’aventure. Me voici parti pour Sundarijal, sur les pistes du treck d’Helambu !
J’y ai encore croisé une école, une petite école de montagne avec une seule classe. Toujours très intéressant de discuter avec l’institutrice, mais pour elle encore bien trop peu d’élèves sont scolarisés, surtout dans les petits villages.
Sac à dos plus léger, corps un peu mieux préparé, tente et matériel autonome pour faire low-budget. Et bien ça ne m’a pas empêché d’en chier un max. Montés et descentes très abruptes (environ 1500m de dénivelé) sur tous type de chemins. Autant vous dire que dès que j’ai trouvé un endroit sympa pour poser ma tente, je n’ai pas réfléchi longtemps.
T’a vu Ruben, j’ai pas oublié tes conseils… ou du moins je m’en suis souvenu sur place. Bâtons de marche home-made, toujours très pratique ce Leatherman.
Le montage et le démontage de la tente m’a valu la curiosité et l’excitation de tous les enfants du village. Deux d’entre eux ont même insisté pour la plier avec moi.
Quelques portraits à la Holi de Katmandou
Le tout fait au 20mm, on est “dans” la fête ou on y est pas !
La recette pour faire une bonne Holi Purnima
Premièrement, il vous faut un jour férié, de préférence un jour de pleine lune.
Ensuite, vous devez trouver des enfants (ou de très grands enfants) qui veulent faire la fête.
Puis pas mal de points d’eau, stratégiquement placés dans la ville.
Quelques dealers de couleurs, vives de préférences les couleurs.
Vous mélangez le tout au shaker. Rajoutez un bol de musique si ça manque d’assaisonnement.
Et vous devriez obtenir quelque chose comme ça…
Ils ont de très très grandes cordes à linge au Népal
Blague à part, j’ai été étonné de voir à quel point n’importe quel support pouvait servir à faire sécher le linge. On trouve du linge en train de sécher, à peu prêt partout !
Je ne suis pas un solitaire
En rangeant mes affaires avant le départ, je suis tombé avec étonnement sur un petit carnet, où j’avais écri il y a 6 ans. Trop peu de pages y étaient griffonnées, mais j’y ai trouvé ceci :
Moi qui aurait tant aimé être un voyageur, je m’aperçois que je n’en suis pas un. Je ne me sens pas bien ici, je ne suis pas chez moi, trop de choses me manquent. Les gens me manquent, surtout Netty, qui occupe toutes mes pensées.
Montréal, mars 2004
Au final, je garde un excellent souvenir de ces 5 mois au Canada ; je me suis fait des potes là-bas, j’ai commencé à sortir et j’ai arrêté d’écrire.
Cela fait bientôt 3 semaines que je suis ici, et ça y est, je commence enfin à pouvoir poser par écris, quelques mots sur la vrai réponse du “pourquoi ?”. C’était là, je savais pourquoi, mais je n’arrivais pas à l’expliquer clairement.
J’ai toujours su que je n’étais pas du genre solitaire. J’adore plus que tout les soirées entre potes, je n’ai jamais pu aller au cinéma tout seul, j’ai quasiment tout le temps préféré habiter en colocation, je supporte assez mal le célibat… Jusqu’à ce que je prenne conscience avec le temps, que je n’arrivais plus à être réellement heureux lorsque j’étais seul. Pour certains ça paraitra normal, moi je trouve ça flippant.
Je pense que le bonheur doit pouvoir se suffire à lui-même. J’ai beau ne pas être un solitaire, je refuse que mon état de bien être soit tributaire des autres.
Ça fait un moment que je préparais le départ, mais repoussé à plusieurs reprises, il fut encore plus douloureux que prévu. Pour pouvoir s’affranchir des autres il faut commencer par couper les cordes qui nous lient à eux. Ce voyage est donc, purement et simplement, égoïste. J’aimerais pouvoir réussir à être bien, heureux, satisfait, sans ne rien devoir à personne, sans que ce bonheur ne dépende de quelqu’un d’autre.
Ça ne fait que peu de temps que je suis ici, mais je commence déjà à entrapercevoir des petits moments, furtifs, de bonheur solitaire. Et comme je compte – pour le moment – continuer ce journal de bord, je noterais ces petits moments par l’indication suivante : **
Si la fréquence des ** augmente au fur et à mesure de mon récit, ce sera bon signe. Si j’arrête d’écrire, ce sera alors très bon signe.
PS : J’ai tout à fait conscience que ce blog, ce journal de bord, est encore un lien fort qui me lie à eux, à vous, et que le couper serait nécessaire si ont s’en tien à ma théorie… Et bien j’y songe, mais pas tout de suite, je prendrais mon temps.
Sacrifices pour la déesse Kali
Hier après-midi, sur un coup de tête, je décide de prendre le local-bus pour Pharping, afin de pouvoir dormir sur place et assister ce matin aux aurores, aux fameux sacrifices de Dakshin Kali.
Boucs et coqs sont égorgés puis décapités pour cette déesse assoiffé de sang. Ça se fait tous les samedis matins, et en famille s’il vous plait !
J’avais lu que les touristes n’étaient pas admis dans le temple, j’y ai été invité et même autorisé à y faire des photos. Je vous épargnerais ça, vraiment. J’en ai eu encore mal au cœur rien qu’en les triant.
Le peu de ferveur religieuse dans le geste des bourreaux (écouteurs d’ipod dans les oreilles) et le travail à la chaine si bien orchestré, a fini de m’écœurer pour de bon.
Je suis allé finir ma matinée dans un monastère bouddhiste, de quoi décompresser dans le calme et la sérénité.
Aller et retour sur le toi du local-bus, je me suis mangé une bonne dizaine de bombe à eau, normal demain c’est Holly. Je m’y prépare activement, à la guerre comme à la guerre !
Changement de programme, non pas pour me déplaire
Dernier jour sur le campement pour travailler mon planté de pagaie, et c’est ce que je fie dès le matin. Mais lorsque que j’appris, qu’un couple de Néo-Zélandais débarquaient vers 11h, pour aller faire une initiation au Canyoning, je tendis timidement le bras d’un aire de dire “Et moi, je peux aussi ?”.
On finit rapidement notre descente (avec un retournement involontaire du kayak, mais correctement remis à sa place), pour être à l’heure au camp et avoir le temps de faire mon sac pour le retour.
Vraiment génial ce premier aperçu du Canyoning, ça me donne plus qu’envie d’en refaire. De plus le couple de Néo-Zélandais (dont le Népal était leur voyage de noce) étaient adorables et pleins d’humours.
J’ai pris un pied monstrueux à descendre en rappel, cette chute d’eau d’environ 17-18m de haut (on ne dirait pas vu d’ici, hein ?). Être sous les trombes d’eau, stopper sa descente, caler ses pieds et admirer… **
Ensuite ce fut retour sur Katmandou, en Local-Bus. Très inconfortable, pas de place pour les jambes et la femme devant moi qui vomit tout son repas… Il faut être honnête les Turist-Bus ont aussi leurs avantages.