Humeurs
Une histoire de viande
Proverbe Mongole, Si t’es végétarien, ne va pas en Mongolie
Cette dernière photo est une partie du grenier de la chambre froide d’une famille Kazakh, pour passer l’hiver. Il y a 2 vaches, 1 cheval, 15 moutons, 3 chèvres.
Autant le Népal était le paradis des végétariens, autant pour la Mongolie… ne prévoyez pas de manger avec les familles si c’est votre cas. La viande est omniprésente, et parfois l’unique élément du repas.
Je n’ai pour le moment reçu aucun repas sans viande, matin, midi, soir ; si bien que je me fais reprendre très régulièrement :
– Mange plus de viande.
– Oui mais j’ai plus faim.
– Essaye d’en manger encore, s’il te plait.
J’ai mangé des parties… dont je ne savais même pas que ça existait. Un jour peut être, je vous raconterais comment j’ai refusé poliment d’avaler un oeil de mouton.
Résumé Twitter de la semaine 2011-12-12
- Je ne voudrais pas faire la langue de pute, mais http://t.co/9wCVlUqH n’a pas été mis à jour depuis un bon moment ! Je suis tristesse ! #
- J’annonce : Hier j’ai caressé un loup sauvage.
Laisse tomber, tu peux pas test. # - J’ai pris une douche. Je répète, j’ai pris une douche. #
Je vais mourir
… ou mes fesses du moins.
J’ai appris hier la triste nouvelle, que ma demande d’extension de visa ne pouvait être accepté que si je ne me présentais en personne au bureau d’immigration d’Ulan Bator. Et ceci, 5 jours avant la fin de validité de mon précédent visa… soit dimanche !
Ce qui est techniquement impossible, étant donné qu’il n’y a que deux moyens pour relier Olgii à Ulan Bator :
- L’avion, départ lundi, 2h de vol, environ 250 euros
- Le bus, départ aujourd’hui, 60h de piste, environ 40 euros
(…)
Mon budget est très short, mais ce n’est pas tant pour l’argent, mais plus pour les rencontres et l’expérience que j’ai choisi… LE BUS !
Mais punaise, SOIXANTE HEURES NON-STOP, genre JOUR & NUIT !!! (s’il n’y a pas de problème sur la route… évidemment)
Déjà que j’avais cru mourir au Népal lorsque je m’étais tapé un trajet de 7h dans la montagne. Cette fois on reprend le même genre de bus, sur des pistes pire que celles du Paris-Dakar, et on multiplie le tout par 10. Oh Joie Bonheur !
Ma tenue de combat [billet publié sous la contrainte]
Ne remerciez pas Clémence, c’est elle qui m’a ordonné dans un cri hystérique « Mais SIIIIIII ! Tu DOIS publier cette photo ! »
Pour le camouflage, on a déjà vu mieux, mais bon au moins ça tient chaud. La première date d’il y a maintenant 1 mois, équipement « Sibéria-Twin » . La deuxième est d’hier, on utilise la même base et on recouvre les extrémités différemment, équipement « Grand-Nord » .
Vend jeune Loup, 7 mois, Bon état, Peu servi, 110€
Vu sur labonnesteppe.mg
Vend jeune loup gris de 7 mois. Capturé louveteau dans la tanière. Il est en bon état, peu battu et peu servi. Il vit pour le moment au grand air avec une chaîne de 2 mètres. Son prix ferme de 110 euros (200 000 MNT) ne comprend pas les frais de port. Les démarches administratives seront à votre charge, la famille ayant perdu son passeport.
Le grand roi des steppes
Pendant le temps d’une fraction de seconde, j’ai été ce grand roi des steppes… dévalant au grand galop ces immenses steppes caillouteuses et enneigées. BONHEUR.
Que cela en déçoive certain(e)s, possible, mais je n’ai finalement pas troqué Barbara contre un poney…
En effet, l’idée d’acheter trois chevaux (un pour moi, un pour mon assistant et le dernier pour mon studio photo) m’a grandement tenté, mais logistiquement cela devenait trop complexe à gérer avec l’hiver. En effet, c’est bien l’hiver le problème ici. Tout ce qui est facilement envisageable en été, devient complexe voir impossible en hiver. Trouver pour chaque nuit et chaque étape, de quoi faire dormir les chevaux, de l’eau et de l’avoine pour compléter leur alimentation, sans parler des possibles blessures qui sont courantes à cette saison… On me l’a déconseillé, puis j’ai renoncé à cette idée pourtant bien séduisante.
En Mongolie les transports sont un réel problème et coûtent relativement cher ; j’y crame une bonne partie de mon budget. Du coup j’ai décidé de ne pas choisir un véhicule fixe, mais d’en louer au coup par coup, essayant tous les moyens de locomotion à ma disposition…
Ce à quoi on ne pense pas… à -15, -20 et -25°C
C’est bien beau de se dire « Tiens et si j’allais passer l’hiver en Mongolie ? » et quitte à faire les choses proprement, autant passer par la Sibérie en moto, non ?
Trêve de plaisanterie, le froid n’est pas vraiment quelque chose qui me fait peur. Ma première expérience du froid avait été le Népal il y a deux ans, en montant mes premiers sommets. Le maximum que j’ai eu a subir était un -15°C lors d’une nuit passée en refuge à 5000m… « Finger in the Nose » avec mon Swing 900 (un bon sac de couchage pour débuter en conditions extrême : -7°C confort, -25°C survie).
Je me suis dans lancé dans cette nouvelle expédition avec mon équipement de montagne, soit :
- sous-vêtements en laine (collant + tee manche longue)
- polaire compressible + doudoune en duvet
- pantalon de ski de rando
- veste technique d’alpinisme
- 3 paires de chaussettes qui se superposent (soie + triple épaisseur laine + laine bouclé)
- 3 paires de gants qui se superposent (soie + laine + gants de montagne)
- et pour finir, chaussures de grande randonné, plutôt classique pour le coup.
Bien joué mec !
Sauf que… dormir dans un refuge, habillé, emmitouflé dans un duvet, par -15°C… n’a strictement rien à voir avec rouler à moto par -15°C, voire pire faire du cheval par -20°C. Dernièrement, je viens même de tester le -25°C en pleine journée, une expérience assez hallucinante.
Du coup je voulais vous présenter quelques petits « trucs » auxquels je n’avais pas pensé :
1/ La visière du casque qui givre de l’intérieur… par votre propre respiration
Assez handicapant en moto, surtout qu’il est impossible de gratter ce givre avec les gants. Vous n’avez que deux choix : rouler visière ouverte ou s’arrêter pour gratter tant bien que mal, l’intérieur du casque. À ces températures-là, la protection antibuée livrée avec le casque n’est plus d’aucune utilité.
2/ Manipuler son appareil photo… avec 3 paires de gants
Je me croyais malin à prévoir de fins gants de soie, pour pouvoir retirer les gants de montagne et prendre tout de même quelques photos dans le froid. Et bien figurez-vous que lorsque vous êtes à cheval, par -20°C, vos doigts vous font déjà tellement mal qu’il est hors de question de retirer quoi que ce soit qui les recouvrent. Vous vous émerveillez alors une dextérité inconnue jusqu’à présent : manipuler le moindre petit bouton – ou pire changer une carte mémoire – avec 3 paires de gants superposés.
J’ai commandé hier à un tanneur, des moufles en fourrure de renard. Le seul espoir de survie pour mes doigts.
3/ La perte totale de sensation… au niveau des pieds et genoux
Après une expérience assez « hardcore » (conduire de nuit, pendant 1h30, dans les montagnes de l’Altaï, par -20°C, une moto chinoise pourrie, sans manchon ni poignée chauffante…) j’ai décrété que mourir de froid n’était pas une expérience fort sympathique. Je vous parle de mort, car pendant quelques instants j’y ai songé, n’éprouvant plus aucune sensation de toucher au niveau des mains ou des pieds, seulement de grosses boules de douleurs brûlante à la place de chaque membre. Mon passager (mongole) était dans le même état que moi. À notre retour dans une maison chauffée, j’ai mis environ 30 minutes pour retrouver l’usage normal de mes genoux, qui me faisaient mal à un point indescriptible.
J’ai acheté hier sur le marché, des bottes en peau de chien, moins cher et a priori aussi performant que la peau de mouton. Je peux y enfiler mes pieds avec 3 paires de chaussettes superposées, et ça c’est bien !
4/ Et puis pour finir, la barbe et la moustache qui gèlent… ça au moins c’est marrant !
Pratique lorsque tu as soif, tu passes ta langue dans la moustache, tu peux y savourer de petites perles de glace. De plus tu la recharges automatiquement, car 10 minutes plus tard les perles de glaces seront de nouveau là !
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Ce texte vient surement d’annoncer un prochain article sur « ce que je pense de la fourrure » , où comment j’ai appris à ranger mes avis.
Résumé Twitter de la semaine 2011-12-05
- On m’annonce qu’il fait +14° en France, pendant que je me tape des -25° en pleine journée… Parfois je vous envie. Enfin parfois seulement #
- RT @julespajot: @Ulan_Bastsaaard : j’ai le plaisir de t’annoncer que tu es dans Roadtrip mag ! o/ -> http://t.co/c0YjyMVQ #
- Le début de la gloire o/ RT @julespajot J’ai le plaisir de t’annoncer que tu es dans Roadtrip mag ! o/ -> http://t.co/c0YjyMVQ #
- RT @LeCrapo: Bon, je fini mon assiette et je file me coucher. http://t.co/Dgk9XjV9 #NotSafeForVegan #
- Non non, le CDMA c’est l’ancêtre du GSM, lui même ancêtre du EDGE, lui même ancêtre de la 3G. Tirer des câbles, ici ? Tou es fou ! #
- On me demande souvent d’où je me connecte, là c’est d’un modem CMDA. Ping 830 ms – Débit 0,05 Mb/s. Avouez que vous êtes jaloux. #
- Je voulais aller au cyber-cafe aujourd’hui, pour vous raconter des histoires. Il fait -25 dehors et je suis malade comme un chien… Fuck #
- Ce matin une grand-mere Mongole c’est fait un masque avec le beurre de Yack qui restait sur la table. Blogeuses beautés, à vous de jouer o/ #
- J’ai explosé de rire lorsque j’ai lu vos propositions d’histoires http://t.co/WGXcpRvg tellement merci #storytelling #
Pourquoi je ne ferais pas de reportage sur les Aigliers Mongoles
Les aigliers Mongoles, c’est l’excuse dont je me suis servis pour organiser tout ce périple. Pourquoi je dis excuse ? Parce qu’il en faut bien une, pour organiser un projet comme ça. Un but, tout aussi facultatif soit-il.
Ce que j’essaye de dire maladroitement par là, c’est à peu prêt « On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait » (Nicolas Bouvier dans L’Usage du Monde). Sachant très bien que mon but pouvait n’être qu’un prétexte ; il ne constituait pas à lui tout seul le voyage, il l’orientait.
Je ne vais pas non plus être mauvaise langue, ce reportage sur les Aigliers Mongoles me passionnait tout autant qu’il me tenait à coeur. L’aurais-je fantasmé ? M’en suis-je fait tout un monde ? Je ne sais pas, mais en tout cas je n’ai pas du tout trouvé ce que j’imaginais.
Récemment, plusieurs personnes m’ont envoyé cet article publié dans le monde. C’est joliment romancé, les mots sont beaux et paraissent juste, c’est exactement ce que j’avais lu à propos du Festival de l’Aigle qui se déroule en Octobre.
Mais voilà, j’ai volontairement évité ce festival, le jugeant trop « touristique » à mon goût. Je voulais goûter et découvrir la « vrai » vie de ces chasseurs à l’Aigle, dont la période de chasse se déroule en hiver… période anti-touristique par excellence.
Une chose m’avait marqué avant de partir, mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que ça : on trouve beaucoup d’informations sur ce festival, mais quasiment aucune sur la période de chasse et la vie des chasseurs. C’est là que fut ma surprise en vivant près d’une semaine avec l’un de ces chasseurs à l’aigle.
Je dis l’un de ces chasseurs, mais laissez-moi plutôt vous présenter le personnage : Héros de cette année, c’est justement le gagnant de ce festival de l’aigle d’Olgii. Il a été élu meilleur chasseur de la région pour 2011. Un vieux monsieur, digne, un peu maladroit et assez austère.
Je voulais une vision moderne de cet art ancestrale, où comment on pouvait encore combiner modernité et traditions. Et bien figurez vous que la tradition en est belle et bien une, qui survie non pas grâce aux aigles, mais plutôt grâce au tourisme.
Ceci n’est nullement une critique, bien au contraire je trouve ça très bien, mais ce fût juste une grosse surprise. Je m’attendais à y rencontrer des chasseurs aguerris, qui tuaient lapins, marmottes et renard à tours, pour vendre leur fourrures sur les marchés. Ce que je découvris, c’est que le meilleur chasseur de cette année, n’avait attrapé pour toute l’année dernière que 3 renards… dont il pouvait espérer tirer quelques 5 ou 6 euros sur un marché, alors qu’une seule « partie de chasse » pour touriste (la plupart du temps infructueuse) lui rapportait dans les 20 euros.
Du coup, la déception était bien là. Je me retrouvais face à une tradition certes ancestrale, mais perpétuée uniquement dans un but de conservation. Les chasseurs que je m’imaginais, ne vivent plus de la chasse depuis bien longtemps, mais héros de leur région ils conservaient cet art dans le respect de leurs aïeux, pour le festival et quelques touristes.
Loin de moi l’idée de critiquer ces hommes, ni ces bêtes aussi majestueuses soient-elles, je n’ai pas envie de faire un reportage sur une tradition lointaine, je voulais faire un reportage sur des hommes et des vies. Ces « chasseurs » sont maintenant pour la plupart devenus des bergers, très respectés par la population locale pour la conservation de cet art.
Alors qu’un jour ils avaient sorti l’aigle « pour me montrer » comment on l’entraînait, le fil du chasseur aperçu un renard sur le versant d’en face. Après une tentative infructueuse de l’attraper, le chasseur décida que ce serait tout pour aujourd’hui. Le fils plus téméraire, demanda une bonne heure plus tard, la permission de ressortir avec l’Aigle pour une deuxième tentative.
J’ai donc vu pour la première fois, un aigle royal attraper un renard ! C’était beaucoup trop loin pour pouvoir y prendre une quelconque photo ou vidéo. Mais ce que j’ai par contre aimé prendre en photo, ce sont les félicitations que reçu le père par toute la famille… laissant au fils le soin de dépecer et vider la proie.
Désolé à tous ceux pour qui j’aurais brisé quelques rêves, ce texte n’est qu’un ressenti personnel et ne remet en aucune cause la splendeur de cette tradition.