La moto
Barbara, la Sibéria-Twin
Le jeu de mot n’est pas de moi, mais il m’a fait rire. Il est vrai que « Africa-Twin » pour le nom d’un moto, laisse plutôt rêver aux paysages du Paris-Dakar, tel qu’elle a été conçue ; plutôt qu’aux paysages de glace je lui fais vivre actuellement.
Une petite opération de chirurgie esthétique s’imposait : voici Barbara, la Sibéria-Twin.
Profitant de mon arrêt forcé à Astana, j’ai réussi à lui installer ses nouveaux pneus (des MITAS E09 Dakar, pour ceux que ça intéresse) particulièrement adaptés pour le off-road sur longue distance. Je lui avais installé juste après mon premier matin de glace, les manchons que mon père a glissé dans l’une de mes caisses. Ces manchons ont véritablement sauvé mes mains, c’est maintenant (avec les -12°C quotidiens) le seul endroit où j’arrive à garder une température descente. Et miracle des rencontres, j’ai réussi à faire clouter mes pneus le jour d’avant mon départ d’Astana !
PS : A l’heure où j’écris ces lignes, 1/3 des clous (rentrés par pression dans la gomme des crampons) ce sont déjà fait la malle. Ça aura été une belle tentative, mais à la vitesse où je les perds je pense que je n’en aurais plus aucun pour le passage « délicat » des montagnes de l’Altaï.
Barbara à la plage
Lors de mon retour à Katowice, pour aller auprès du chevet de Barbara, c’est avec le taxi-man que j’ai sympathisé. Je lui raconte mon périple et les problèmes de la moto, lorsqu’il me dit avec un grand sourire « Tu as déjà conduit dans du sable ? ». Heu non, pourquoi ? Et bien parce que le monsieur en question est fan de moto-cross et m’a proposé de venir m’entraîner sur des terrains sablonneux, lorsque Barbara sera de nouveau sur pied. Un bon moyen de faire un test moteur, avant de repartir sur les routes ?
Aller, on enfile son casque, on se met debout sur les cales pied et on suit le professeur !
Comme vous avez pu le voir Barbara, l’Africa-Twin de 250kg, ressemble à une baleine à côté sa crevette à 2 temps… mais il va bien falloir que la baleine en question passe partout, même dans du sable !
En plein dans les galères, jour 2
Pour faire suite aux précédents épisodes de Barbaras’s galères, voici ce qui est arrivé le lendemain.
Barbara’s galères E04S01, Le mystère de l’huile disparue.
Ce matin je décide de me lever tôt, pour aller checker la moto rapidement et prendre une décision sur la suite des opérations.
Ouf, l’auberge de jeunesse a un accès Wifi… Et merde, j’y ai bien passé deux heures. Par mail, chacun y va de ses hypothèses pour comprendre le mystère de l’huile disparue. Un joint de moteur qui aura cédé ? Une fuite qui serait passée inaperçu ? Le garage qui m’a fait la vidange avant de partir qui aurait oublié d’en remettre ? Pourquoi le voyant d’huile ne c’est pas allumé ? Comment un défaut pareil aurait-il pu échapper au contrôle Honda qui a été fait avant de partir ? Ce mystère reste entier et n’a toujours pas été élucidé.
D’ailleurs, juste après avoir répondu aux emails, je suis directement allé voir la moto. Vérifier qu’il n’y ait pas de tâche dessous et regarder ce qui était devenu du litre d’huile rajouté en urgence hier soir. Soulagement et grosses réinterrogations… aucune trace d’huile et le niveau n’avait pas bougé depuis hier soir.
Je décharge donc complètement la moto et décide d’aller au centre Honda de Katowice, déniché par Clémence. Me voici donc sur la route, tout doucement comme hier soir, en essayant de trouver le régime moteur qui réduira au maximum les bruits et les vibrations.
Barbara’s galères E05S01, Le dédale de Katowice.
Ayant bien inspecté les plans avant de partir, j’arrive sans trop de problèmes à trouver ma route jusqu’au centre Honda. Mais à mi-chemin, voici le moteur qui boude et ne veut plus tourner. Petite frayeur qui ne durera pas longtemps. Je force un peu sur le démarreur et me voici reparti, avec quelques goûtes de sueurs supplémentaires sur le front.
Arrivé au garage Honda… qui n’a pas trop la tête d’un garage. Mais bon l’adresse et le nom sont bons, je me gare et entre. Une jolie polonaise m’accueille avec un grand sourire, qui s’efface vite lorsqu’elle comprend que nous n’avons aucune langue en commun. Elle me fait tout de même comprendre qu’ils ne sont pas un garage, mais juste un concessionnaire et qu’ils ne font aucune réparation. PHOOOQUE !
Je ne perds pas espoir, sort mon super téléphone-GPS-qui-me-coute-super-cher, pour aller au garage moto le plus proche… à l’autre bout de la ville. Je lance la navigation GPS, de toute façon au point où j’en suis je ne suis plus à 30 euros prêts. Et c’est reparti pour un tour à traverser la ville à la vitesse complètement dingue de 20 km/h.
Le cerveau en mode « prières », je suis scrupuleusement les indications du GPS sans me poser trop de questions. « Sortir à 350m à droite » j’exécute… OH WAIT ! Ce n’est pas une bretelle d’entrée d’autoroute que je viens de prendre ? Pourquoi ai-je la mauvaise sensation que la route où je devrais être est celle qui est pile poil EN DESSOUS de moi ?
Et me voici reparti involontairement sur l’A4… en direction de Cracovie. Chouette :(
Barbara’s galères E06S01, La sortie maudite de l’autoroute A4.
Pas de panique, malgré que mon GPS me propose de faire un demi-tour en pleine autoroute, je décide de continuer jusqu’à la première sortie. 7 km plus loin je la vois arriver, je souris, le moteur bloque et j’arrête de sourire. Démarreur, rien à faire. Je pousse, la roue ne tourne plus. Un coup de kick… à oui c’est vrai je n’ai pas de kick.
Résultat, je me mets au point mort et commence à pousser pour mettre la moto sur le côté. Et bien, 220 kilos à pousser sur 500 mètres de cote, ce n’est pas ce que j’ai connu de plus simple. Un type fini par s’arrêter et sans poser de question se place derrière la moto pour m’aider à finir de la mettre hors de la route. Il ne parle pas non plus anglais et me souhaite bonne chance avec une tape dans le dos. Merci mec.
Clémence s’occupe de contacter mon assurance, c’est l’assistance qui prendra la relève. On notera tout de même que le contact polonais (qui parle parfaitement français) aura mis environ 2h30 et 4 coups de fil pour réussir à me localiser malgré mes explications en plus des dernières positions GPS…
L’attente fut longue, très longue, mais lorsque ce stéréotype du dépanneur polonais (une armoire à glace, quasi blond, la coupe mulet et des biceps gros comme mes cuisses) j’eu tout d’un coup envie de le serrer très fort dans mes bras. Je n’aurais pas pu, mes bras sont trop courts. Il était tout de même marrant ce type, car même après avoir compris que je ne parlais pas un mot de sa langue, il continuait à me tchatcher en polonais avec le sourire.
Après avoir déposé la moto dans un garage, un taxi est passé me chercher et prendre mes affaires au « Jopi Hostel » . Le taxi-men n’a pas fait le malin lorsqu’il m’a vu sortir avec ce sac à dos plus grand que moi, mes deux caisses de moto, la sacoche de réservoir et les pneus rallys…
Le voyage Katowice – Cracovie en taxi fut d’une tristesse incroyable, heureusement que Nicolas m’attendait à l’arrivée. Parler moto, photo et bio-informatique (en français s’il vous plait) associé à un accueil royal, me fut le plus grand bien.
Début des galères, jour 1
Ceux qui suivent les aventures sur Twitter ont déjà eu un petit aperçu des mésaventures de ces trois derniers jours. Mais impossible de le résumer en un seul billet de blog, du coup je vais essayer de mettre tout le monde à niveau… en plusieurs épisodes !
Barbara’s galères E01S01, Combats en campagne polonaise.
Hier matin (enfin 11h quoi) après une soirée polonaise alcoolisé, je décide enfin de me bouger les fesses et de prendre la route pour Krakow. Cracovie est l’une de mes deux étapes obligatoires – étant donné que c’est là-bas que je pourrais y récupérer mon passeport, envoyé chez Nicolas un très bon ami d’une très bonne amie.
L’étape étant très courte et l’autoroute commençant sérieusement à me gonfler, je décide de me rallonger et de prendre les petites routes de campagnes polonaises. Ma carte d’Europe n’étant pas assez précise, je m’aide de Google Map et prend soin de noter sur un morceau de papier le nom des villes que je vais devoir suivre pour arriver à bon port.
Mais très vite, les indications des panneaux n’indiquent plus rien de ce que j’ai pu noter… je navigue au juger. Qu’à cela ne tienne, il est 14h, le soleil indique le Sud, je dois avancer vers le Sud-Est… je décide donc de naviguer au cap en m’aidant du soleil !
Petite précision pour ceux qui m’ont conseillé de prendre une boussole : je l’ai aussi envisagé avant de vite me rendre compte que c’était inutile vu les champs magnétiques que pouvait générer une moto. Si je fixe ma boussole sur la moto, c’est très simple: le nord est toujours indiqué à ma droite… pas très utile donc.
Naviguer au cap à travers la campagne polonaise, un vrai régal comparé à l’autoroute. Mais cela n’était rien encore à côté de ce qui m’attendait.
Barbara’s galères E02S01, A la poursuite des Tchèques.
Vers 16h, je me retrouve naturellement pas très loin de la frontière de Tchèque. Et pourquoi ne pas faire un crochet alors qu’on m’en avait fait que des éloges ? Ni une ni deux, je fonce vers le sud.
Quel ne fut pas ma surprise, ainsi que ma déception. Non non, la République Tchèque ne m’a pas déçu au contraire. La déception était de ne pas y être allé plus tôt ! Des paysages magnifiques, des routes dans un état exemplaire, des signalisations précises et parfaitement claires et cerise sur le gâteau : personne sur les routes mise à part quelques cyclistes souriants… Un vrai terrain de jeu et à vrai dire je m’y suis donné à coeur joie.
Mais la lumière commence à baisser et il ne faudrait pas trop tarder si je ne veux pas trop rouler de nuit. Deux motards m’indiquent la route la plus rapide pour retrouver Cracovie : « C’est simple, tu traverses la ville (Ostrava), tu verras c’est indiqué, il faut prendre l’autoroute ». Pas de soucis, je traverse la ville, et traverse la ville… et toujours rien… jusqu’à me retrouver dans des sombres quartiers HLM d’Ostrava. Je ne comprends pas, il y avait bien des indications d’autoroute, mais aucun nom de ville que je puisse localiser sur ma carte.
Une horde de gamins me tombe dessus, tout content de voir une grosse moto, mais moi là j’aimerais juste rentrer. Malgré que personne ici ne parle anglais, j’arrive à me faire comprendre. Un type m’explique la route à suivre, en utilisant uniquement des gestes et des noms de villes. Parfait, je retrouve mon chemin et prend l’autoroute dans la direction indiquée. Super… jusqu’à ce que 5 km plus loin, l’autoroute en question soit fermé avec obligation de sortir… là ! C’est-à-dire, rien qui ne soit inscrit sur ma carte.
Je cherche, je fais des tours de rond point, je reviens… et arrive enfin à comprendre à peu prêt où je suis. Je me dépatouille pour au moins franchir la frontière polonaise ; me voici de nouveau sur une route connue, en direction de Cracovie. Je roule et vite, car là j’ai hate de rentrer.
Barbara’s galères E03S01, Le retour des Polonais.
Quand soudain, encore une route barrée, évidemment sans indication ni itinéraire de déviation…
Je craque, j’allume mon smartphone, lance le GPS sur GoogleMap en roaming (pour ceux qui n’auraient pas compris ce dernier terme, ça veut juste dire que ça va me coûter très cher). Je rentre l’adresse de destination et me laisse guider avec soulagement pour la suite de l’itinéraire. Je fonce, je double, j’arrive de nouveau sur une autoroute, je continue gaz à fond, j’ai vraiment très hâte d’arriver.
Si seulement le récit s’arrêtait là, ça aurait été une belle journée. Car c’est sur cette autoroute A4, à hauteur de Katowice que mon moteur a commencé à faire des siennes. Perte soudaine de puissance, de moins en moins de gaz, je ne comprends pas… et ce bruit qui se fait de plus en plus présent. Je m’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence, fait le tour de la moto, remarque une odeur suspecte, mais rien ne me semble anormal à vu d’oeil.
Je passe deux coups de fil, l’un à Nicolas pour le prévenir de mon problème, l’autre à mon oncle pour avoir un avis technique. Il me demande de checker le niveau d’huile et écoute le bruit au téléphone. Vision d’horreur, mes deux litres d’huiles se sont évaporés. Il n’y a que peu de doutes… je viens a priori de couler une bielle. Mon moteur ne tournerait donc plus qu’avec un piston sur deux.
Il est plus de 21h, il fait nuit, je suis encore à 70km de Cracovie, je prends la décision d’aller passer la nuit à Katowice pour y voir plus clair demain matin. Clémence, la plus géniale des assistantes, prend la relève et m’envoie par sms des adresses de garages, une adresse d’auberge de jeunesse et s’occupe de contacter les bonnes personnes. Du coup, j’y suis allé tout doux avec le moteur, pour venir m’écrouler de fatigue au « Jopi Hotel » de Katowice, à 10€ la nuit.
La suite des aventures, dans les prochains épisodes…
J’ai connu des matins plus encourageants…
Je plie ma tente malgré la rosée encore fraîche, j’annonce de bonne humeur le début de mon étape sur twitter, je charge la moto et au moment de poser le dernier élément, ma sacoche de réservoir… la moto bascule de l’autre côté, impossible de la retenir, je préfère amortir sa chute.
Je n’ai plus qu’à tout recommencer… ça m’apprendra à ne pas faire attention aux faux plats /o
Pas de paniques, aucun dégât, ni même une égratignure sur le graff de Veuch o/
Remi VS pignon d’entrainement de compteur
Comme vous avez pu le lire, grâce à Clémence, j’ai encore un souci avec mon compteur de vitesse. En soit ça ne devrait pas être si gênant que ça ; car en connaissant un peu la boite de vitesse et en regardant son compte tour, on peut vite évaluer à quelle vitesse on roule. Mais mon soucis est plutôt au niveau du “Master Trip” qui est un outil dédié aux raids.
Le Master Trip c’est un compteur électronique qui permet d’enregistrer, avec plusieurs comptes séparés, ses étapes en km et en temps. Par exemple, j’ai 3 compteurs kilométriques, le premier me sert à mesurer la distance totale parcouru pendant le périple, le deuxième mesure la distance que je fais à chaque étape et le dernier qui est un compteur inversé me permet d’évaluer combien il me reste de km avant de ne plus avoir d’essence. Petit outil, mais bien pratique !
Mais voilà, sans compteur de vitesse, le Master Trip ne fonctionne plus non plus.
Donc aujourd’hui, je me suis arrêté un peu plus tôt afin de démonter ma roue et vérifier si c’était bien le pignon d’entrainement qui s’était usé prématurément.
Après une bonne demi-heure de bataille et un tournevis qui essaye de m’attaquer la main, voici que je réussis enfin à extraire ce pignon en plastique. Au final ce n’est pas la roue denté qui s’était usée, mais la partie à créneau côté roue qui avait lâché. Mais si cette partie a cédé, c’est bien parce que le pignon de bout de câble était lui bloqué. J’ai réussi à le débloquer, à coup de lubrifiant, mais je n’ai pas vraiment trouvé la cause de ce blocage. Le câble quant à lui tourne “a peu prêt” librement.
J’ai donc remis le tout sans la pièce cassée, avec tout de même une petite frayeur au remontage… le soleil qui se couchait et la roue qui ne voulait plus rentrer dans son emplacement, la faute aux étriers de freins qui faisaient des leurs. Un bon coup de tournevis et tout est rentré dans l’ordre. La suite au prochain épisode !
Y’a t’il un mécano dans la salle ?
Apparemment il a fait froid en Belgique. Résultat, on dirait bien que Barbara a attrapé un rhume… Plus sérieusement, Rémi a un petit souci mécanique avec sa moto. Rien de grave mais si des mécanos sont présents dans la salle et on des conseils à donner, on est preneurs !
Résumé des épisodes précédents : lorsque Rémi a acheté sa moto (une Honda Africa Twin donc), le compteur n’affichait pas les vitesses. La faute à un petit pignon en plastique qui était cassé. Le pignon a été remplacé et tout est rentré dans l’ordre. Sauf qu’au bout de 2000 km, paf, entre Liège et Francfort, le pignon lâche à nouveau. Résultat, Rémi se retrouve une nouvelle fois sans compteur. Pas dramatique mais tout de même gênant.
Si vous avez déjà été confronté à ce problème, que vous savez à quoi cette usure prématurée est due, et ce qu’on peut faire pour y remédier, c’est le moment de vous signaler !
Si vous connaissez un garage moto sur Francfort, ça nous intéresse aussi !
Barbara se fait refaire une beauté… par Veuch !
Après avoir pris du poids, voici que la dame se fait faire une manucure… mais pas par n’importe qui !
Musique « Six » de Ratatat, filmé avec un Sony A77.
Cette oeuvre unique est signée Veuch, et nous accompagnera tout au long du voyage. Merci mec, ça fait vraiment plaisir.
Barbara a pris du poids
Paré à partir pour ma deuxième étape, ce matin j’ai pris la balance pour peser chaque élément séparément.
Verdict :
- Pilote + vêtements : 72 kg
- Caisse droite : 18 kg
- Caisse gauche : 19 kg
- Sac à dos : 20 kg
- Sacoche de réservoir : 9 kg
- Trépieds + tente + divers : 9 kg
- Moto à vide : 205 kg
- Essence (réservoir + bidons) : 23 + 20 L
- Réserves d’eau : 7 L
Et pourtant hier soir je n’ai presque rien pu jeter lors de ma « réorganisation »