Quelle horreur ! Ce n’est pas de l’art ! Cela ne ressemble à rien ! C’est vraiment se moquer du monde ! Qui peut aimer ça ?

Concernant des notions aussi subjectives et manichéennes que le beau et le laid ou le bien et le mal, il est sage de s’interroger sur ses propres sensations avant de les livrer aux autres.

Il ne s’agit pas à l’instar du critique qui affirme à la face du monde ce qu’il faut penser, de définitivement trancher pour soi et surtout pour les autres. Ainsi, essayer de comprendre avant de s’octroyer la légitimité de porter un jugement, semble être une démarche saine et constructive.

« Pourquoi ma perception est-elle ce qu’elle est, alors que d’autres individus sont d’un avis différent ? ». Répondre à cette question impose inévitablement d’engager un processus qui doit lever incompréhensions et méconnaissances, une sorte de parcours initiatique, parfois long, ingrat et complexe mais qui reste toujours enrichissant.

On y considère, entre autres, le contexte et les motivations qui ont amené à la réalisation de l’objet du débat. On peut prolonger l’analyse sur le côté plus personnel de l’identification et la compréhension de ses propres influences d’arbitrage. Enfin l’ouverture d’un dialogue permet de confronter nos impressions, d’expliquer les réactions des uns et des autres, bref d’entrevoir la possibilité d’une remise en question de l’opinion communément admise.

Discerner le beau n’est pas une fin en soi. L’important est le travail qui amène à prendre position. Il faut donc être vigilant face aux raccourcis, et qu’il est particulièrement aisé de persuader et de soumettre nos points de vue à quelqu’un. La connaissance des autres est un pas sur le chemin de la connaissance de soi; pourquoi ce priver de l’opportunité d’un échange ?