Katmandou & la vallée
Cinq jours a perdre à Katmandou ou Le treck du Chapeau Blanc
Votre vol est annulé ? Vous êtes allergiques aux klaxons du Népal ? Vous ne trouvez pas la plage de Katmandou ? En fait vous êtes un accro de la montagne, mais votre patron ne vous a accordé qu’une semaine de vacances !
Si vous consultez les agences de trek, vous aurez du mal à trouver un trek en haute montagne de moins de 8 jours (KTM -> KTM).
Voulant partir à la rencontre de la neige, mais en moins de 6 jours, nous avons composé notre propre trek, jusqu’alors introuvable dans les meilleurs guides.
1er jour
Katmandou -> Melamchi Pull Bazar (bus) – 5 à 6h
Le bus se prend au « Old Bus Park » de Katmandou. Présentez vous de bonne heure, car le trajet est long et les heures de départ aussi rares qu’aléatoires. Six heures de « local bus » et vos fesses s’en souviendront. (prévoir environ 150 rps.)
Melamchi -> Timbu (bus) – 2 à 3h – 1500m
Vous vous trouvez au milieu de nulle part, il ne vous reste qu’a crier à tout va « Timbu ! Timbu ! » pour qu’un népalais vous montre dans quel bus vous devez grimper. Si le temps est clément et que vous avez le coeur bien accroché, vous pouvez tenter de monter sur le toit du bus, la route est splendide. (prévoir environ 60 rps.)Vous trouverez à Timbu, une lodge rustique mais convenable. Commandez un Dal-Bhat et passez-y la nuit pour 400 rps.
2 ème jour
Timbu -> Tarkeghyang – 5 à 6h – 2550m
Votre première journée s’annonce comme une marche d’approche. Le chemin est large et sinueux, mais avec tout de même un dénivelé de 1000m à réaliser dans la journée.
Tarkeghyang, typique village Sherpa, est une arrivée des plus belles. Stupas, vieux temple boudhiste et maisons en pierres seront au rendez-vous. Je ne saurais que vous conseiller la première Lodge à votre gauche, juste après la première Stûpa. Le cadre, la nourriture et l’accueil sont fort agréables. (prévoir 200 rps. la chambre, 250 rps. le Dal-Bhat et 100 rps. la barre de Snickers)
Si vous n’arrivez pas trop tard visitez le village, il en vaut le coup d’oeil.
3 ème jour
Tarkeghyang -> Yangri Peak – 3 à 5h – 3750m
Pour optimiser cette ascension, je vous conseille vraiment de partir de très bonne heure (6h du matin, voir un peu plus tôt). En effet le temps se couvre très rapidement sur les hauteurs (généralement en fin de matinée). Même si le temps parait complètement clair le matin, en moins d’une heure les nuages peuvent s’installer ; vous ne verrez alors plus rien et l’ascension pourrait devenir dangereuse.
Le chemin se fait en deux étapes. La première de 600m aboutie à la Yangri Pass, d’où vous pourrez déjà admirer un paysage magnifique et une vieille « Tea House » en pierre. Si vous êtes fatigué, que le temps se gâte ou que des symptômes du mal des montagnes apparaissent, il est préférable d’en rester là ; ce sera déjà un bel exploit d’être monté pour admirer cette vue à 3150m.
La deuxième partie monte parfois de manière assez abrupte, sur les 600m restant qui vous séparent du sommet. La progression est plus physique que la précédente et peut devenir assez difficile en cas de neige. Autant vous le dire tout de suite, la récompense est largement à la hauteur de cet effort. La vue est des plus belles que j’ai pu admirer du Népal. L’ambiance surréaliste qu’il y règne, est sublimée par le caractère mystique de la Stûpa, trônant sur ce pic. Vous êtes cernés à 250° par les montagnes du Langtang (7246m) !
Yangri Peak -> Tarkeghyang – 2 à 3h – 2500m
Vous pouvez redescendre (du pic ou bien de la passe) à la népalaise (en courant) ou plus tranquillement. Prenez garde à ménager vos genoux, elle est tout de même longue, mais sans difficulté majeure.
Profitez de votre après midi pour vous reposer, prendre une douche et bronzer dans l’herbe des montagnes. Si vous vous sentez relativement en forme, rien ne vous empêche de gagner un jour en enchaînant sur l’étape du jour 4.
4 ème jour
Tarkeghyang -> Timbu – 3 à 4h – 1500m
Le retour est relativement facile. Vous connaissez la route, ça descend et vous avez maintenant un entrainement béton dans les pattes.
Si vous aviez choisi d’enchaîner le jour 3 et 4 (ce que nous avons fait) ne traînez pas, histoire d’arriver avant la nuit.
5 ème jour
Timbu -> Katmandou (bus) – 6 à 7h – 1300m
Le bus part très tôt (environ 6h du matin), mais vous enverra directement à Katmandou pour le début d’après-midi.
Enjoy !
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// CONSEILS
– Suivez les règles de sécurité, recommandations et matériel adéquate pour le trek en haute montagne.
– Si vous n’êtes pas sur de votre carte ou de votre orientation, vous pouvez embaucher un guide.
– De manière quasi-obligatoire, faites-vous accompagner si vous partez seul.
– Prenez avec vous 1L d’eau (par pers.) et buvez régulièrement, même si vous n’avez pas très soif.
– Si vous êtes parti sans guide, vous pourrez facilement trouver un accompagnateur à Tarkeghyang.
// MEFIANCE
Même si vous n’apercevez que très peu de neige vu du bas, c’est qu’il doit y en avoir beaucoup là-haut. Chaussures étanches, guêtres ou pantalon de ski deviennent quasi-obligatoires.
// MAL DES MONTAGNES
Le mal des montagnes est à prendre réellement au sérieux. Non pris en charge, il peut s’avérer mortel. Je vous encourage vivement à vous renseigner auprès de spécialistes.
Ce parcourt proposé comporte des étages de plus de 1000m de dénivelé, bien qu’à des altitudes modérées cela peut s’avérer dangereux pour certaines personnes.
En cas douleur à la tête, étourdissement et perte de l’équilibre, arrêtez-vous et buvez. Si les symptômes sont persistants, prenez du Diamox et redescendez immédiatement, avec un accompagnant !
// MISE EN GARDE
Nous ne prenons aucune commission sur ce trek, mais nous n’apportons aucune garantie non plus. Le trek du Chapeau Blanc est juste le partage d’une expérience personnelle, nous ne pourrions en aucun cas être tenus responsables de la non réussite de votre expédition ou des accidents survenus.
Dernière excursion dans la vallée de Katmandou
Après le trek du tour des Annapurnas, me voici de retour à Katmandou pour quelques jours. J’en profite pour me faire une dernière excursion dans la vallée, plus au sud, jusqu’à Namo Bouddha. Mais ce retour à Katmandou me sert aussi et surtout à avoir des connexions internet (un peu) plus stable et pouvoir répondre aux nombreux emails accumulés.
Il me reste encore 2 semaines au Népal avant que mon visa ne se finisse. Mes différents projets et reportages touchent à leur fin, j’ai donc envie de garder ces 2 dernières semaines rien que pour moi. Le blog sera un peu moins mis à jour. D’ailleurs le blog ne prend pas fin à mon retour ! Je compte bien y publier quelques contre-rendus (financier, matériel, réflexions post-voyage et conseils) et pourquoi pas envisager une suite ?
Cette dernière excursion dans la vallée m’a fait du bien, et ne fait que confirmer ce que je pensais déjà : c’est en sortant des sentiers battus qu’on peux réellement rencontrer les gens.
Je ne sais pas si vous aviez remarqué, mais lors du trek dans les Annapurnas, très peu de portraits ont été publiés. Et pour cause, c’est un circuit très touristique ! Et donc, très compliqué d’y rencontrer “vraiment” les habitants de la région. Je ne me plaindrais pas, les paysages étaient eux au rendez-vous et c’était loin de me déplaire.
Prendre le temps, s’arrêter, discuter, partager un thé ou une simple gorgé d’eau. Voilà ce que j’aime plus que tout dans le voyage : les rencontres humaines. **
Bienvenu chez le grand-père de Lakpa
Après ma reposante nuit à 0.6€, me voici reparti sur la route pour rendre visite à ma rencontre de la semaine dernière, Lakpa et toute la petite famille.
Sur la route, juste avant une dernière montée redoutable (l’angle du chemin doit avoisiner les 40°, constitué uniquement d’éboulis de pierres, sur environ 700m), je croise un vieux monsieur qui s’amuse à faire peur aux enfants avec sa canne, il en rajoute pour me faire rire. Je tombe sous le charme, sort mon appareil photo, mais il me fait signe que non. Tant pis, j’entame ma montée avec seulement son visage en tête.
Après moult essoufflements et douleurs aux cuisses, me voici enfin arrivé chez Lakpa. Sa belle-sœur me reconnait de suite (lui ayant des problèmes aux yeux, met au moins 20min pour me reconnaitre). Accueillis à bras ouvert, ils me proposent d’aller avec eux chez le grand-père de la famille, pour y diner et y dormir.
Vous voyez venir l’histoire grosse comme un yack, mais oui, que ne fut pas ma surprise lorsque je reconnus le grand-père en question, ce vieux monsieur croisé 3h auparavant, en train de jouer avec les enfants.
Pramuk Lama, 90ans, un personnage sombre et fascinant, ne marmonnait en Tamang uniquement lorsque c’est nécessaire, immobile le reste du temps.
La soirée fut simple, entouré de toute la famille, mangeant le Dal Bhat autour du feu.
Le retour sur Katmandou, le lendemain matin, fut plus solitaire que la dernière fois. D’ailleurs je me suis trompé de chemin à un croisement ; sans aucune indication sur ma carte, les pieds sur un sentier de 25cm de large, d’un côté la paroi, de l’autre la falaise, je ne faisais pas le malin…
Don’t worry, j’ai retrouvé ma piste et suis rentré à Katmandou… avec les horribles 7h de bus.
Et si je repartais pour 4, 5 ou 6 jours ?
Maintenant que j’ai avec mon bébé au complet, je me suis dit qu’il ne serait pas inintéressant de retourner sur les traces de mes anciennes excursions, là où il m’avait manqué…
Me voici reparti pour quelques jours, à travers les montagnes de la vallée de Katmandou. A vrais dire, j’ai bien pris mon ordinateur avec moi, mais c’est qu’aujourd’hui (samedi 13 mars) que je l’ouvre pour la première fois depuis 4 jours. Est-ce un signe que j’éprouve de moins en moins le besoin d’écrire ?
Revenir sur mes traces, c’était immanquablement revoir la famille de Santos, retourner à Nagarkot et pourquoi pas me refaire les dures montés du treck d’Helambou (cette fois-ci chargé comme une mule).
J’ai fait pas mal de choses pendant ces 4 jours, mais n’aimant pas trop écrire au passé, je vais plutôt vous livrer quelques anecdotes en vrac.
- J’ai vu un gamin se coiffer (coupe en brosse ^^) et se graisser les cheveux avec de l’huile de cuisine. Je lui ai décoché un grand sourire, nous qui faisons la guerre aux cheveux gras…
- J’arrive enfin à manger le Dal Bhat (grande assiette de riz avec une soupe aux lentilles, régulièrement accompagné de divers légumes) avec les mains, sans trop en mettre partout.
- J’ai rencontré des militaires qui testaient le nouveau camouflage “buisson ambulant”
(…)
(…)
- Ce n’était pas des militaires
- Si je continue les marches à ce rythme, je vais bientôt avoir des cuisses et des fesses en béton armé, certifié ISO 9001.
- Les népalais mangent très salé, très sucré et TRES chaud… je me brule à chaque fois que je commence le thé (ou tout autre chose) en même temps qu’eux.
- La plupart des bus et camions sont fabriqués par une marque qui s’appelle TATA et un grand-père que j’ai rencontré se faisait appeler Mémé… Mais que fait la police ?
- Aujourd’hui, j’ai fait la plus grosse marche, 7h30 avec 1h de pause à midi. A mon point d’arrivée, je découvre un panneau d’information (très rare ici) pile poil sur le trajet que je viens d’effectuer (c’est sur, dieu essaye de me faire un signe). Il est marqué qu’il faut compter 7h (YEAHAA !!! j’ai mis 30min de moins, avec 22kg sur le dos !) et que ça représente 18km… (là je pleure, je n’ai même pas atteint les 3km/h).
Aujourd’hui, vers la fin de cette (longue) journée, je rencontre 2 VTT (enfin les cyclistes, je n’en suis pas encore à parler aux vélos) qui allaient dans le même village, où je comptais planter ma tente. Ils me conseillent plutôt de dormir en lodge (petits hôtels/restaurants présents sur les chemins de treck). Moi qui voulait faire budget réduit, je demande tout de même le prix “pour voir”, de toute façon je n’ai plus de nourriture avec moi.
60 centimes d’euros pour la nuit, avec en prime de l’eau chaude pour la douche. Hum… Je vais peu-être changer mes plans concernant l’utilisation de ma tente… Bon certes la chambre ressemble plus à une cellule de prison qu’à une chambre d’hôtel. Mais mince, un matelas, des murs et UNE DOUCHE CHAUDE pour 60 centimes !!! (à titre de comparaison, je paye ma chambre à Katmandou 5€ par nuit)
Sur ce, bonne nuit, une dure journée m’attends demain.
Ce que je pense de tout ça
Au début de ce voyage, je vous parlais des enfants qui – à l’aide d’un jeu – mendiaient de l’argent aux passants. Certains donnent, un peu, beaucoup ou rien du tout, touristes et locaux confondus. Cet exemple n’est en fait qu’un prétexte pour vous livrer mes pensées sur ce sujet qui me tient à cœur, la mendicité.
Je n’ai de leçon à donner à personne, je veux juste partager ce que je pense (aujourd’hui, dans ma situation actuelle) ainsi que ma maigre expérience de voyageur.
Je suis absolument contre la mendicité. Tout comme je refuse que mon bonheur soit tributaire des autres, je pense qu’il est important, pour chaque personne, de se battre pour obtenir son autonomie.
L’autonomie, c’est ce qu’on est censé acquérir en grandissant, en s’émancipant de ses parents.
Réussir a être autonome, car c’est un effort, est aussi la meilleure manière pour ensuite transmettre ce qu’on a appris. Et la transmission est à mes yeux, l’une des choses les plus importantes qu’on puisse faire pour les autres.
Je suis donc contre la mendicité et il en va de même pour les actions qui l’encouragent. Elle n’aide personne sur le long terme, elle ne fait que soulager de façon très éphémère (le mendiant, ainsi que notre bonne conscience).
Et comme disait un vieux chinois:
Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. Avec un poisson il pourra manger une fois, avec la pêche il pourra manger tous les jours.
J’aimerais bien ajouter, “par contre, ne lui donne pas d’argent, il pourrait s’acheter une bouteille de vin et ne plus avoir faim”.
Certain diront que si on donne un peu d’argent à un mendient, il pourra avec l’accumulation, se payer à manger, se laver, s’acheter de nouveaux vêtements et chercher un travail. Mais lorsque je regarde autour de moi, à Paris, ici ou à Ouagadougou… j’ai du mal à croire en cette théorie. Je pense plutôt que la mendicité encourage la mendicité.
Un exemple concret, ici à Katmandou, une touriste française me raconte l’histoire suivante :
Je me promenais dans les rues de Katmandou avec une amie, quand on tombe nez à nez avec de jeunes enfants qui sniffaient de la colle. Ils étaient là, plusieurs à se défoncer la tête avec de la colle. Mon amie, écœuré par la situation, s’empressa de donner un billet de 1000 roupies, au premier qui avait tendu la main.
Si j’avais rencontré l’amie en question, je lui aurais bien mis 3 claques. Pourquoi voulez-vous que ces enfants arrêtent, si se défoncer à la colle leur rapporte en plus de l’argent ???
(pour information, 1000 NRP représente environ une quinzaine de repas dans un petit resto de rue)
Si je vous étale ici mes pensées, c’est aussi parce que je suis face à un cas de conscience. J’ai découvert au Népal, que l’Hindouisme et le Bouddhisme (les deux principales religions) encouragent la mendicité et le dons. Il est donc dans les mœurs – et plutôt bien vu – de ne vivre que de mendicité, comme le font les Sadous indiens.
Alors que faire ? Suivre mes convictions personnelles, tout en sachant que ça ne changera absolument rien, ou bien m’intégrer le mieux possible et adopter les mœurs locales ?