Woofing chez les Tsaatans
Hier je vous parlais de l’épineuse question d’aller ou non rendre visite aux tribus tsaatans.
Aujourd’hui j’aimerais vous parler de l’un des plus grands honneurs que j’ai pu recevoir ces derniers jours.
Ayant sympathisé avec certains tsaatans du camp, je suis cette fois arrivé chargé de cadeaux (nourriture, ciseaux à bois pour travailler la corne, convertisseur 12v…) et je suis reparti avec presque autans de cadeaux dans les bras. Leur avoir rapporté les photos il y a 2 ans, leur avoir réparé puis renvoyé un Leatherman rongé jusqu’à la dernière lame, et cette fois-ci leur avoir apporté les outils dont ils avaient besoin, a je pense contribué à gagner la confiance du camp.
Outre le fait qu’ils m’ont offert de la vodka jusqu’à plus soif chaque soir passé avec eux, et qu’ils m’ont demandé une explication pour chacun de mes tatouages en rigolant… je me suis vu couvert d’honneur lors de nos dernières cigarettes partagés sous le tipi.
Après une longue discussion et des approbations mutuelles (ainsi que l’approbation du shaman), ils m’ont proposé de rester vivre avec eux le temps que je voulais. Après moult remerciements, j’ai expliqué que je ne pouvais pas rester cette fois-ci, mais que j’acceptais avec un immense honneur leur proposition si je pouvais rester un mois ou deux lorsque je reviendrais les voir la prochaine fois.
En d’autres mots, j’ai eu l’immense privilège pouvoir venir faire du woofing chez les tsaatans.
Je n’ai pour le moment aucune idée de quand je pourrais réaliser ce rêve un peu fou, mais j’y songe très sérieusement. Je me demande aussi si je dois garder cette proposition dans la même simplicité qu’elle m’a été proposée, ou bien peut-être envisager un projet d’une plus grosse envergure avec pourquoi pas une action caritative pour participer à la sauvegarde de leur culture. Qu’en pensez-vous ?
7 commentaires
Bonjour,
Votre expérience chez les nomades m’intéresse au plus haut point, je vous ai envoyé un e-mail afin d’en discuter si vous le voulez bien. Merci et à bientôt j’espère.
Hello Rémi.
Merci pour le récit.
Prends l’invitation comme elle a été donnée : au premier degré et avec simplicité. N’y apporte pas un regard « occidental » avec une action caritative.
Le mieux est d’en parler avec les intéressés non?
Bonne continuation.
Bises,
Anne.
Surtout pas de sur-enchere a l’occidentale comme dit ta precedente interlaucutrice me semble la plus simple et naturelle reponse. Et c est dans c’est dans cette simplicite . . . dont tu es capable . . . Que je t aime le plus.
Salut Rémi,
je fais partie de la masse silencieuse qui te suit depuis bien longtemps sans jamais commenté mais là ce que tu écris m’interpelle beaucoup trop. Ton expérience chez les Tsaatans me fait penser à ce que je j’ai vécu avec les Innu, un peuple amérindien du Nord du Québec, et donc les coutumes ont l’air très proches des Tsaatans -mêmes animaux sacrés, mêmes habitations, mêmes façons de sangler les bébés, etc. Sauf que les Innu, comme tous les autres peuples d’Amérique ont subi la colonisation et ont fini par être sédentarisé dans les années 70. On a essayé de les détruire de toutes les façons possibles, en commençant par les obliger à abandonner leur mode de vie nomade pour les forcer à vivre dans des maisons en bois dans des réserves, mais ils sont toujours là et ils résistent de bien des façons. Tout ça pour dire que j’ai eu beaucoup de conversations avec mes amis Innu, et que j’ai beaucoup réfléchi au rapport entre l’étranger blanc et la communauté. Parce qu’on m’a proposé plus ou moins la même chose que moi, la prochaine fois que j’y vais on pourra « monter dans le bois ». Et que oui, être là-bas a un formidable potentiel artistique / journalistique. Parce que c’est beau, parce que ça dit beaucoup de choses sur notre monde contemporain, etc. Mais c’est pas ça la question, on m’a proposé de monter dans le bois parce que ces gens sont devenus des potes. Selon moi se placer « autrement » qu’en hôte invité c’est encore une fois outrepasser le rapport humain. Fumer des clopes, boire de la vodka, se raconter nos histoires de coeur tout en tannant la peau de caribou c’est la plus belle façon de se placer. C’est dealer d’humain à humain. Enfin je crois que tout ça tu le sais, ton travail et tes textes l’exprime! En fait je crois que c’est une question de savoir de qui vient « l’initiative ». Le mieux c’est d’en parler avec les intéressés comme te le fait remarquer le commentaire plus haut. Le gros problème de l’Occident, à mon sens, c’est l’ingérence. Savoir à la place de l’autre ce qui est bon pour lui. Tout cela est très politique comme réflexion au fond.
Bon j’ai écris un pavé, mais le sujet m’interpellais.
Merci pour la beauté de ce que tu fais et transmets!
Je ne sais pas trop quoi ajouter par rapport aux précédents commentaires qui sont plein de bon sens : attention avec la vision occidentale, mais aussi la mise en place de projets caritatifs, pour lesquels il faut être très précautionneux dans leur mise en place…
Par contre, je te proposerais – éventuellement – de contacter le MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle) : pour des raisons personnelles j’ai repris mes études l’année dernière, et j’avais des cours entre autres via cette institution, en anthropologie, écologie, éthno-écologie. Et pour le coup j’y ai rencontré / ai eu en intervenants, des personnes passionnées, qui pourraient peut-être t’apporter des réponses voire t’aider à monter quelque chose – bien que attention : institution française = paperasse, lourdeur administrative et tout ça.
Hello Rémi,
Je ne connais bien sûr pas les tsaatans, mais mon opinion va complètement dans le même sens que les autres commentaires.
Ils ont commencé à construire un lien/rapport simple/naturel avec toi, prend le comme ça.
Même avec toutes les meilleures intentions du monde, en faire plus serait modifier en partie l’équilibre dans lequel ils vivent. La meilleure façon de préserver tout ça, d’avoir un minimum d’impact il me semble.
C’était mon petit avis :)
Rémi, bonsoir,
quelle décision as-tu donc prise ?