En 2011, Rémi Chapeaublanc est parti à la rencontre des Tsaatan, éleveurs de rennes nomades, à cheval sur la frontière du nord de la Mongolie. Ne comptant pas plus de 282 personnes dans le monde, le mode de vie de cette tribu a été perturbé par la transformation de leur terre ancestrale en parc national. La chasse, le passage et la coupe de bois y sont maintenant interdits ; ces interdictions totales contredisent leurs traditions séculaires.
Depuis sa première rencontre, Rémi Chapeaublanc a continué d’y retourner, partageant leurs coutumes et leur quotidien pendant plusieurs semaines d’affilée. Avec cette nouvelle série de photos, il soulève des préoccupations quant à l’avenir du peuple Tsaatan, qui fait face à la vague de modernité en Mongolie, les éloignant chaque année un peu plus de leur mode de vie traditionnel. Si la tribu accepte et même rit du progrès technologique, elle rejette catégoriquement la vie urbaine, et l’opinion est partagée concernant le tourisme. Leur vie dans la Taïga représentait la liberté absolue. Maintenant, elle est complexe et en particulier menacée.
À la fois humaine et engagée, cette série de photographies est néanmoins graphique avec une approche particulièrement esthétique et simple. Ce travail en moyen format, produit de manière traditionnelle avec de la pellicule noir et blanc puis amélioré numériquement, témoigne du désir de l’artiste de capturer leur mode de vie anachronique. Rémi Chapeaublanc, qui s’est lié d’amitié avec plusieurs d’entre eux, interpelle maintenant le public en demandant : que restera-t-il du peuple Tsaatan ?